Economie française : une reprise fragile en 2025 freinée par l'incertitude politique

Economie française : une reprise fragile en 2025 freinée par l'incertitude politique Le marché du travail résiste encore, porté par le tourisme et la restauration, mais les inquiétudes liées au chômage alimentent la prudence des ménages.

En 2025, la croissance française devrait atteindre 0,8 %, selon l'Insee. Un chiffre un peu meilleur que prévu, mais qui reste bien inférieur à celui de ses voisins européens.

Une reprise timide face à l'Europe qui redémarre

Au troisième trimestre, l'Insee table sur une progression de 0,3 % du PIB, puis de 0,2 % au quatrième. Sur l'année, la croissance atteindrait donc 0,8 %, légèrement au-dessus des 0,7 % estimés au printemps par Bercy. Mais le contraste est fort avec la zone euro, où l'activité devrait grimper de 1,4 %. L'Allemagne sort doucement de récession, l'Italie garde un rythme solide et l'Espagne reste particulièrement dynamique.

Pour l'Insee, c'est l'incertitude politique qui explique ce décalage. La dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 a marqué un tournant. " C'est surtout à ce moment-là que la France a décroché du reste de la zone euro ", a expliqué Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, cité par Le Monde. Depuis, le climat des affaires reste en dessous de sa moyenne de longue période.

Sur le front des prix, la situation française est pourtant plus favorable que chez ses voisins. En août, l'inflation n'était que de 0,9 % sur un an, contre 2,1 % dans l'ensemble de la zone euro. Cette stabilité aurait pu soutenir la consommation, mais les ménages préfèrent garder leurs économies.

Ménages prudents, entreprises sur la retenue et emploi résistant

En 2025, la consommation n'augmenterait que de 0,5 %, deux fois moins qu'en 2024. Les Français mettent de côté une part toujours plus importante de leurs revenus : le taux d'épargne a atteint 18,9 % du revenu disponible fin juin, un record depuis quarante-cinq ans. Ces données, reprises par Les Échos, illustrent la méfiance des ménages.

Cette prudence est renforcée par les échéances fiscales de l'automne. Le solde de l'impôt sur le revenu de 2024, ainsi que le versement exceptionnel sur les hauts revenus, pourraient encore peser sur les dépenses. Comme l'a résumé Dorian Roucher, " la confiance se replie constamment depuis 2024 ", et les inquiétudes liées au chômage atteignent leur plus haut niveau depuis dix ans.

Les entreprises ne sont pas plus optimistes. Après un recul de 2,4 % en 2024, leurs investissements devraient encore baisser de 0,9 % cette année. Quelques signaux positifs apparaissent dans le bâtiment, aidé par la baisse des taux d'intérêt, et dans l'aéronautique, où les livraisons devraient accélérer en fin d'année. Mais le commerce extérieur, qui avait soutenu l'activité en 2024, pèserait cette fois sur la croissance. Entre tensions géopolitiques et droits de douane, les exportations marquent le pas.

Le marché du travail tient bon, malgré ce contexte. L'emploi progresserait de 0,1 % en 2025 après +0,3 % en 2024. Le tourisme et la restauration contribuent largement à cette résistance. Mais le financement plus strict de l'alternance a conduit à 45 000 embauches en moins, selon Le Monde. En fin d'année, le chômage atteindrait 7,6 % de la population active.