Budget, syndicats, opposition : les premiers obstacles de Sébastien Lecornu

Budget, syndicats, opposition : les premiers obstacles de Sébastien Lecornu La préparation du budget s'annonce délicate alors que les organisations syndicales appellent à une grève nationale et que les socialistes entendent imposer leur propre contre-projet.

À peine arrivé à Matignon, Sébastien Lecornu doit composer avec une opposition vigilante, des syndicats mobilisés et une échéance budgétaire cruciale d'ici la fin de l'année.

Entre recherche d'alliés et premiers blocages

Le nouveau Premier ministre a pris ses fonctions le 10 septembre et s'est lancé immédiatement dans une série de consultations. Son objectif est de bâtir un compromis pour faire adopter le budget avant le 31 décembre. Mais la confiance, déjà mise à mal par l'épisode Bayrou, reste fragile.

La CFDT a été l'une des premières à afficher sa ligne rouge. Dans un communiqué, elle a déclaré : "On ne construit pas des solutions solides sur un bilan aussi fragile qu'un "conclave" qui a échoué", cité dans Le Monde. Le syndicat refuse de rouvrir les discussions sur les retraites et réclame toujours la suspension de la réforme Borne, qui a repoussé l'âge légal de départ à 64 ans.

Face à cette hostilité, Sébastien Lecornu tente de consolider son camp. Il a réuni à Matignon les responsables du centre et de la droite autour d'un petit déjeuner. Gérard Larcher, président du Sénat, a évoqué "cinq ou six dossiers sur lesquels ,ils peuvent se mettre d'accord et travailler", selon les propos rapportés par Le Monde. Dans le même temps, l'idée d'un intergroupe associant Renaissance, LR, MoDem et Horizons circule, ce qui marquerait une tentative de structurer davantage le bloc central.

Le nouveau chef du gouvernement a aussi rendu visite à Nicolas Sarkozy, figure incontournable à droite, afin de s'assurer de son soutien. Parallèlement, ses équipes ont demandé aux élus de ne pas dévoiler le contenu des discussions, une manière de préserver un climat de négociation.

Pression syndicale et crispations à gauche

Alors que les tractations politiques se poursuivent, la rue s'apprête à se mobiliser. L'intersyndicale appelle à une grande journée de grève le 18 septembre contre les coupes budgétaires. Les organisations salariales et patronales doivent être reçues par Matignon, mais rien n'indique que ce dialogue suffira à désamorcer la contestation.

Sur le plan parlementaire, la gauche se montre particulièrement vigilante. Le Parti socialiste, échaudé par son expérience avec François Bayrou, entend présenter un contre-budget. Celui-ci prévoit une taxe sur les patrimoines élevés et une réduction de l'effort budgétaire de 44 à 22 milliards d'euros. Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a résumé l'état d'esprit : "Nous allons l'écouter. Mais nous n'allons pas faire la danse du ventre devant lui."

De leur côté, les écologistes et La France insoumise se préparent à déposer une motion de censure. Plus de cent députés, dont des ultramarins et trois communistes, ont déjà signé la proposition portée par LFI. Même si les socialistes ne souhaitent pas y apporter leur soutien pour l'instant, cette menace fragilise un peu plus le début de mandat de Sébastien Lecornu.