L'Europe riposte à Starlink : naissance du nouveau géant spatial
Les trois groupes ont franchi une étape décisive dans la consolidation du secteur spatial européen. Ce rapprochement baptisé Bromo répond à la domination de Starlink, la constellation d'Elon Musk. Si Bruxelles valide l'opération, la mise en service interviendra en 2027.
Un poids lourd de 6,5 milliards d'euros pour rivaliser à l'échelle mondiale
Le projet de fusion des activités satellitaires est destiné à former un acteur spatial européen de premier plan capable de soutenir la compétitivité du continent. Ce rapprochement massif constitue une réponse concrète à la domination croissante d'acteurs comme Starlink. L'entreprise issue de cette union représente un poids économique conséquent. Le futur mastodonte européen pèsera environ 6,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel (basé sur les chiffres de fin 2024) et regroupera approximativement 25 000 employés en Europe.
Ce nouvel ensemble disposera d'un carnet de commandes supérieur à trois années de revenus, assurant une visibilité importante sur le long terme. Le projet Bromo est conçu pour générer des synergies significatives, qui pourraient atteindre plusieurs centaines de millions d'euros de résultat opérationnel par an, cinq ans après la clôture de l'opération, selon les estimations d'Airbus. La nouvelle entreprise pourrait être opérationnelle dès 2027, une fois les autorisations réglementaires de la Commission européenne obtenues. Thales a réagi en soulignant l'impact de ce projet pour le continent : "Ce projet baptisé Bromo constitue une avancée majeure pour renforcer l'écosystème spatial européen, accroître sa capacité d'innovation, son autonomie stratégique et sa compétitivité et ainsi permettre à l'Europe d'affirmer son rôle central sur le marché spatial mondial", a-t-il déclaré dans un communiqué que le Figaro a repris.
L'intégration des actifs pour garantir la souveraineté européenne
Le succès de l'opération repose sur l'intégration ciblée des activités des trois groupes. Chaque partenaire apporte des briques technologiques complémentaires pour créer un portefeuille complet de produits et de services, à l'exception du segment des lanceurs.
Le géant aéronautique Airbus y injecte ses activités Space Systems et Space Digital, issues de sa division Airbus Defence and Space. Le Français Thales apporte sa participation dans sa branche spatiale Thales Alenia Space ainsi que dans Telespazio et Thales SESO. Enfin, le groupe italien Leonardo y intègre sa division spatiale, incluant aussi ses parts dans Telespazio et Thales Alenia Space.
Ce regroupement est jugé nécessaire pour renforcer l'autonomie et la sécurité de l'Europe dans le secteur spatial. Les infrastructures satellitaires sont la base de services jugés essentiels. Elles sont liées aux télécommunications, à la navigation mondiale, à l'observation de la Terre, à la recherche scientifique, à l'exploration et à la sécurité nationale. Le renforcement de la souveraineté est un point majeur de l'accord. Airbus a indiqué, dans un communiqué mentionné par Le Monde, que cette fusion permettra de renforcer la souveraineté de l'Europe dans le secteur spatial, qui soutient les infrastructures et services essentiels liés aux télécommunications, à la navigation mondiale, à l'observation de la Terre, à la recherche scientifique, à l'exploration et à la sécurité nationale". La nouvelle entité aura pour mission d'être le partenaire privilégié des pays européens pour l'exécution de leurs futurs programmes souverains.