Industrie : la France peine à relancer la machine malgré les annonces de l'exécutif
Malgré les discours volontaristes, les signaux industriels virent à l'orange. Le nouveau ministre de l'Industrie, Sébastien Martin, multiplie les appels à une relance rapide, dans un contexte marqué par un essoufflement des implantations d'usines, une pression concurrentielle accrue et une instabilité politique qui pèse sur l'investissement.
Un ralentissement marqué de la réindustrialisation
La France affiche un solde net fragile en matière industrielle. Selon la direction générale des entreprises (DGE), 44 ouvertures de sites industriels et 86 extensions ont été recensées au premier semestre 2025. En parallèle, 82 fermetures et 39 réductions significatives ont été enregistrées. Résultat : un solde net d'ouvertures et d'extensions de seulement +9, contre +48 au second semestre 2024.
Si l'on considère uniquement les ouvertures et fermetures, le bilan est négatif avec 38 sites industriels perdus. Le ministère de l'Économie, cité par Le Figaro, évoque " un ralentissement de la dynamique de réindustrialisation ", malgré les efforts déployés. Le baromètre rappelle qu'en 2024, le solde net était déjà faiblement positif (+89 en incluant les transformations), en forte baisse par rapport à 2023.
Le cabinet Trendeo, dont les chiffres sont relayés par Capital, confirme cette tendance. Le solde industriel est négatif depuis la seconde moitié de 2024, avec une perte de 25 usines sur le seul premier semestre 2025. Trendeo souligne que les filières jugées porteuses, comme l'électrique ou les énergies renouvelables, peinent à compenser la pression sur les secteurs traditionnels. Cette instabilité freine le rebond industriel attendu.
Sébastien Martin veut accélérer les projets locaux
Dans ce contexte, le nouveau ministre de l'Industrie Sébastien Martin a défendu jeudi 30 octobre sur BFM Business la nécessité d'une réindustrialisation massive " du territoire. Selon lui, " la situation n'est pas satisfaisante " et il serait " une erreur de ne pas agir maintenant ". Il reconnaît par ailleurs que " l'instabilité politique n'aide pas " et aurait coûté " 0,3 point de croissance ", soit " 9 milliards d'euros et plusieurs milliers d'emplois ".
Pour relancer la dynamique, le ministre veut miser sur les collectivités et les préfets. " Je veux savoir où il y a des projets bloqués par des complexités administratives ", a-t-il déclaré. Il a indiqué vouloir exercer son " poids personnel " si nécessaire pour lever ces blocages. Il souhaite organiser prochainement une réunion avec l'ensemble des préfets pour identifier les dossiers à fort potentiel.
Sébastien Martin cite en exemple l'agrandissement du site Framatome à Chalon-sur-Saône, situé sur sa circonscription. L'usine a gagné 40 000 m², ce qui représente " quatre ou cinq usines qui sortent de terre ", selon lui.
Malgré ces signaux positifs, le ministre appelle à rester vigilant face à la concurrence mondiale. " En face de nous, il y a des gens qui ne veulent pas nous faire de cadeaux ", a-t-il insisté, plaidant pour une stratégie européenne plus coordonnée. Il a réaffirmé la volonté de faire de l'Europe " un immense marché, une immense usine".