Fisc : les contribuables fortunés de plus en plus tentés par l'exil

Fisc : les contribuables fortunés de plus en plus tentés par l'exil Face au climat politique incertain et aux débats sur un possible durcissement fiscal, de plus en plus de contribuables fortunés envisagent de quitter la France.

Le retour du débat sur l'ISF, la proposition de taxe sur les holdings ou encore les tensions autour du budget 2026 ravivent les craintes des contribuables les plus aisés. Dans les cabinets de gestion de patrimoine, les demandes de simulation de départs fiscaux se multiplient.

Une fiscalité jugée instable et anxiogène

Depuis la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, les signaux envoyés sur le terrain fiscal inquiètent les détenteurs de hauts patrimoines. Le Premier ministre a exclu un retour de l'ISF, tout en évoquant une taxe de 1 milliard d'euros sur le patrimoine financier non professionnel. Une mesure jugée "très insuffisante, voire alarmante" par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, qui milite pour l'instauration de la taxe Zucman, selon Le Figaro.

Dans ce contexte, certains contribuables fortunés prennent les devants. "Les clients nous demandent si on connaît un bon fiscaliste pour organiser un départ qui soit aussi carré que possible", rapporte Jérôme Rusak, président du cabinet Rayne. Le souvenir de la taxe à 75 % instaurée en 2012 par François Hollande reste vif, tout comme les années d'ISF ou d'impôt sur les grandes fortunes (IGF).

Le climat actuel ravive les tensions. "Le climat politique est anxiogène. La Ve République, c'était la stabilité. Or on est depuis un moment dans l'instabilité", observe Benoist Lombard, directeur général adjoint chez Laplace. Pour de nombreux chefs d'entreprise familiale, "taxer plus n'est pas un projet", affirme Pierre-Marie de Forville, cofondateur du gestionnaire de fortune Ivesta. Ils disent se sentir "montrés du doigt" malgré leur contribution à l'économie et à l'emploi.

L'Italie et le Luxembourg dans le viseur des grandes fortunes

Parmi les destinations qui attirent, l'Italie revient fréquemment dans les échanges. Grâce à un abattement forfaitaire sur les droits de succession, elle se démarque des standards français. "Un client qui veut transmettre au total 20 millions d'euros à deux enfants peut être taxé à 8,5 millions en France. En Italie, c'est 800.000 euros", détaille Meyer Azogui, président du groupe Cyrus, cité dans Le Figaro.

Le Luxembourg attire aussi ceux qui souhaitent diversifier leur épargne. Les contrats d'assurance-vie luxembourgeois, réservés aux gros patrimoines, garantissent la protection totale des sommes placées, contrairement à la limite de 70 000 euros en France. "On a de plus en plus de demandes depuis deux ans", indique Jérémy Lauret, directeur commercial chez Swissquote Bank Europe.

Toutefois, l'expatriation reste un choix complexe. "Ce n'est pas seulement un changement de boîte aux lettres, c'est un changement de vie sociale, de cadre de vie", rappelle Nicolas Hubert, directeur général de la banque privée Milleis. Les conventions fiscales limitent également les gains possibles : les revenus générés en France y sont en principe toujours imposés.

En attendant des arbitrages budgétaires clairs, certains préfèrent sécuriser une partie de leur patrimoine à l'étranger. "On a des clients qui se disent que ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de mettre un peu d'argent de l'autre côté de la frontière, en Suisse ou au Luxembourg", confie David Charlet, président de l'association Anacofi.