Mauvais temps pour l'emploi intérim : qu'est-ce que ça signifie ?
L'intérim n'a pas le vent en poupe. Pour le sixième trimestre consécutif, le nombre d'emplois intérimaires continue de dégringoler, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Une tendance inverse à celle du salariat global : ainsi, sur les 12 derniers mois, 78.000 emplois salariés supplémentaires ont été créés dans le pays, tandis que l'emploi intérim en a perdu 48.700, soit un repli de 6,2%. Sur le seul 2e trimestre 2024, l'intérim perd 20.500 emplois, tandis que les chiffres globaux de l'emploi salarié restent stables.
Que signifie cette chute de l'intérim ? Tout d'abord, ce n'est pas une surprise si ses chiffres évoluent à contre-sens de ceux du salariat global. L'emploi intérim est souvent un bon marqueur de l'état du marché du travail : il augmente dans les périodes d'incertitude économique, et a tendance à diminuer lorsque la conjoncture se stabilise. Sa diminution signifie en général que les employeurs se permettent à nouveau d'embaucher sur des postes plus pérennes de CDD ou CDI.
Ralentissement de l'embauche
Cette diminution indique aussi que les recrutements ralentissent et que les employeurs ont moins de mal à embaucher qu'à la sortie de la crise sanitaire : selon les chiffres de la Banque de France, la part d'employeurs rencontrant des difficultés de recrutement est passée de 58% à 33% en un an. Les entreprises ont donc moins besoin de compléter ponctuellement leurs effectifs avec des travailleurs intérimaires.
Enfin, cette baisse de l'intérim trahit les difficultés économiques des deux principaux secteurs qui portent ce mode de salariat : l'industrie automobile et le BTP. L'industrie automobile, en particulier, où 10% des salariés sont habituellement des intérimaires, subit une conjoncture défavorable, liée à la concurrence chinoise, mais aussi à la transition vers l'électrique. Le secteur doit donc réduire ses effectifs salariés et les postes les plus précaires, occupés par les intérimaires, sont logiquement les premiers à en subir les conséquences.