L'objectif de déficit de 5,1% du PIB pour 2024 "ne sera pas atteint", selon le président de la Cour des comptes
Auditionné par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Pierre Moscovici a estimé qu'un déficit de 5,6% était "le moins mauvais que l'on puisse espérer".
"Nous sommes (...) devant une situation de finances publiques que je considère comme vraiment inquiétante", a lâché Pierre Moscovici ce mercredi 18 septembre, devant les députés de la commission des Finances. Pour le président de la Cour des comptes, il n'y a pas de miracles à espérer : "L'objectif de déficit" de 5,1% du PIB pour l'année 2024 "ne sera pas atteint".
Un constat cohérent avec une note du Trésor datant de juillet, qui prévoit plutôt un déficit de l'ordre de 5,6% du PIB pour l'année en cours. "Compte tenu des nouvelles médiocres sur les recettes fiscales et les dépenses, ce chiffre est peut-être le moins mauvais que l'on puisse espérer", prédit même Pierre Moscovici.
Le budget "le plus délicat de la Ve République"
Quant à l'objectif de ramener le déficit public en-dessous de la barre fatidique des 3% en 2027, le patron de la Cour des comptes estime qu'il n'est "ni possible, ni souhaitable", car il nécessiterait de réaliser des économies d'une telle ampleur que la croissance du pays en serait pénalisée. Désormais, le nouveau gouvernement doit donc impérativement présenter "une trajectoire crédible", indépendante de celles amorcées par ses prédécesseurs.
Pierre Moscovici ne cache pas les difficultés qui attendent ce nouvel exécutif : "Je pense aussi que le budget pour 2025 sera sans doute le plus délicat ou un des plus délicats de la Ve République", convient-il. Il appelle pour sa part à une "maîtrise des dépenses raisonnée", qu'il considère comme "tout le contraire de la politique du rabot qui n'a jamais fait ses preuves." Car selon lui, "la réduction brutale, uniforme, des dépenses publiques n'est pas une solution pour réaliser ces économies." Il invite à l'inverse à "opérer intelligemment et efficacement en agissant sur la qualité de la dépense".
Quid d'une hausse des impôts ? Le président de la Cour des comptes émet des réserves au sujet de cette piste, envisagée par Michel Barnier : selon lui, la marge de manœuvre dans ce champ est relativement faible, la France ayant des taux de prélèvement obligatoires "déjà très élevés".