Au MoDem, une fronde des députés contre l'entrée du parti au gouvernement
L'annonce du nouveau gouvernement n'aura pas lieu ce vendredi. En cause notamment, une réunion de crise des députés du MoDem, largement hostiles à une participation à l'équipe Barnier.
Michel Barnier est-il en train de perdre le soutien du MoDem ? Jeudi soir, à l'issue d'une réunion avec les chefs de file de la droite et du camp présidentiel, le Premier ministre semblait avoir pratiquement arrêté la composition de son nouveau gouvernement. Deux postes de ministres de plein exercice étaient prévus pour le parti de François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron depuis 2017. Mais ce vendredi, la participation du Mouvement Démocrate est brusquement remise en question.
Le groupe mené par Marc Fesneau s'est réuni ce vendredi après-midi pour une réunion de crise à l'Assemblée, d'après les informations du Parisien. Selon le porte-parole du parti, Bruno Millienne, les députés du MoDem se sont prononcés "à 80% contre la participation" au gouvernement de Michel Barnier. En cause, les premiers noms de ministres dévoilés jeudi soir par Les Républicains, dont les sénateurs Bruno Retailleau à l'Intérieur et Laurence Garnier au Familles, deux figures conservatrices. "Le flotteur gauche n'y est pas", déplore le porte-parole.
La Santé et les Affaires étrangères pour le MoDem ?
Pour l'heure, deux noms issus des rangs du MoDem ont été cités pour rejoindre l'exécutif : la députée des Landes et médecin Geneviève Darrieussecq pour la Santé, ainsi que le ministre délégué sortant des Affaires européennes Jean-Noël Barrot, qui devrait être promu aux Affaires étrangères. Mais ces deux portefeuilles ne suffisent pas à convaincre les députés du MoDem de faire taire leurs doutes. "Il n'y a pas de signe tangible que ce gouvernement n'appliquera pas qu'une politique de droite", insiste Bruno Millienne.
Cette fronde jette le flou sur l'agenda du Premier ministre : Matignon a d'ors-et-déjà annoncé qu'il n'y aurait pas d'annonce ce vendredi, en raison de "derniers ajustements" nécessaires. Par ailleurs, selon les informations de Franceinfo, Emmanuel Macron aurait finalement bloqué la nomination de Laurence Garnier : une hypothèse qui a suscité un tollé dès jeudi soir, la sénatrice étant connue pour s'être opposée au mariage pour tous et, plus récemment, à la constitutionnalisation de l'IVG.
Face aux réticences de son camp, l'ancien député du MoDem Jean-Louis Bourlanges est sorti de sa retraite pour interpeller ses anciens collègues sur X ce vendredi après-midi : "J'adjure mes amis de surmonter leurs réserves", écrit-il. S'il juge "opportun que le président de la République modifie à la marge certaines des propositions qui lui ont été faites par le Premier ministre", il estime quoi qu'il en soit que la "situation politique, financière et internationale du pays est trop sérieuse pour que les partisans d'une France libérale, sociale et européenne (...) refusent de prendre ensemble toutes leurs responsabilités."