Barnier exige "la vérité" sur le dérapage budgétaire

Barnier exige "la vérité" sur le dérapage budgétaire L'Assemblée nationale ouvre la voie à la création d'une commission d'enquête sur le dérapage budgétaire des finances publiques. Cette commission est réclamée aussi bien par la droite que la gauche.

Une commission d'enquête sur la dégradation du déficit public, prévu à 6,1% du PIB cette année, soit 50 milliards d'euros de plus que les 4,4% votés l'an dernier, devrait bien voir le jour. Une dérive pointée par Eric Ciotti, allié du Rassemblement national, qui a souhaité la semaine dernière faire valoir le "droit de tirage" de son groupe UDR afin d'obtenir une commission d'enquête.

Le député LFI Éric Coquerel et président de la commission des Finances à l'Assemblée a, dans la foulée, demandé des pouvoirs d'enquête "afin d'étudier les causes de la variabilité des prévisions fiscales et budgétaires et de l'évolution des déficits publics ces dernières années". Ces deux initiatives devraient se joindre avec l'accord de l'UDR, grâce à un poste de co-rapporteur. Michel Barnier a approuvé cette décision, estimant que la commission d'enquête devrait "déterminer les chiffres, les faits, la vérité et la dire aux Français". 

"La vérité apparaîtra plus tard"

Interrogé par Éric Ciotti, Michel Barnier a rejeté la faute sur ses prédécesseurs, analysant qu'il y a eu "un emballement" à cause de l'épidémie de Covid, de la guerre en Ukraine et de l'inflation. "On a mal maîtrisé la sortie de crise", a-t-il reconnu, justifiant l'effort de 60 milliards, dont 20 de hausses d'impôts et 40 de réduction des dépenses. 

L'ex-ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui déjeunait non loin de l'Assemblée, a déclaré ne plus vouloir s'exprimer devant la presse. Sur France 2, il a affirmé il y a quelques jours que "la vérité apparaîtra plus tard". 

Sur TF1, Gabriel Attal avait plaidé les efforts du gouvernement précédent : "En huit mois nous avons identifié ou réalisé 40 milliards d'économie". Cependant, il a déclaré ce lundi sur France Inter être favorable à cette commission d'enquête, assurant que c'est "toujours positif quand le Parlement fait son travail d'évaluation". 

Ne pas s'attendre à grand-chose 

Mais les députés du parti présidentiel Renaissance estiment que "tout est transparent" et, qu'avec cette commission d'enquête, "il ne faut pas s'attendre à grand-chose". Ils encouragent notamment le gouvernement à se saisir de mesures rétroactives dans le budget 2025 afin d'atténuer le déficit 2024. 

De son côté, le Sénat va relancer aujourd'hui sa mission d'information sur la dégradation des comptes publics, a indiqué une source parlementaire à Challenges. Cette instance, qui a déjà effectué un contrôle à Bercy en début d'année, prévoit un nouveau cycle d'auditions dans les semaines à venir au sein de la commission des Finances de la chambre haute.