Budget : pourquoi le gouvernement retire son amendement autorisant les casinos en ligne
L'exécutif renonce à cet amendement qui prévoyait de lever l'interdiction des casinos en ligne et de taxer leur activité. Le ministre du Budget ouvre la porte à une concertation sur le sujet.
Rétropédalage express de l'exécutif. Laurent Saint-Martin a indiqué ce dimanche que l'amendement gouvernemental sur la légalisation des casinos en ligne allait être retiré du débat sur le projet de loi de finances 2025. "Je crois qu'il nous faut d'abord travailler entre nous", a admis le ministre du Budget et des Comptes publics sur Radio J, ouvrant ainsi la voie à une concertation avec les acteurs du secteur.
"Je suis très vigilant sur ce sujet-là. Il ne faut pas faire d'erreurs. Il ne faut pas que cela pénalise un certain nombre d'acteurs, notamment les casinos physiques", s'est justifié le ministre.
Il faut dire que le projet du gouvernement avait été globalement mal accueillie, d'abord par les professionnels regroupés dans l'organisation des Casinos de France. Son directeur, Président Grégory, avait dénoncé dans les colonnes des Echos "un choix totalement irréfléchi, sans aucune concertation avec les parties prenantes", qui menaçait de provoquer "la fermeture de 30% des établissements physiques".
Un problème de "santé publique"
Par ailleurs, l'autorisation des casinos en ligne éveillait des craintes liées à l'aspect addictif de leur activité : dans un communiqué, la Fédération Action avait ainsi appelé "le gouvernement à retirer cet amendement, qu'elle juge[ait] irresponsable et contraire aux priorités de santé publique, et à ouvrir une discussion transparente sur la régulation des jeux d'argent."
Les Casino de France se sont dit "soulagés" de la marche arrière du gouvernement. Dans l'ensemble, si les professionnels du secteur ne sont pas opposés aux casinos en ligne, ils souhaitent que ceux-ci soient uniquement autorisés aux gérants d'établissements physiques, afin de ne pas faire concurrence à ces derniers.
Plus de 3 millions de joueurs en France
De son côté, l'Association française des jeux en ligne (AFJEL), qui milite pour une autorisation des casinos en ligne en France, comme c'est le cas dans tous les autres pays d'Europe à l'exception de Chypre, a dit prendre "acte" du repli de l'abandon de l'amendement et répondu "favorablement" à la proposition d'une consultation.
Le sujet pourrait donc revenir rapidement dans le débat politique. D'après l'Autorité nationale des jeux (ANJ), plus de trois millions de personnes jouaient en France sur des sites de casinos en ligne hébergés à l'étranger en 2023. L'amendement du gouvernement se justifiait ainsi par une volonté "de limiter l'impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne, de contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître et de tenter d'assécher l'offre illégale", en opérant une "réelle régulation" du secteur.
Pour l'heure, le gouvernement renonce à une mesure qui aurait pu lui rapporter autour d'un milliard d'euros dès 2025, puisque l'autorisation des casinos en ligne devait s'accompagner d'une lourde taxation de leur activité.