L'intersyndicale de la fonction publique hospitalière dépose un préavis de grève reconductible
Pour protester contre le budget de la sécurité sociale, après l'annonce de la volonté du gouvernement d'allonger le délai de carence dans la fonction publique à trois jours, quatre syndicats ont déposé un préavis de grève de deux mois et reconductible.
Face aux dernières annonces du gouvernement sur les arrêts maladie, l'hôpital est le premier maillon de la fonction publique à protester. Quatre syndicats (CGT, FO, SUD et Unsa) ont déposé ce lundi un préavis de grève du 4 novembre au 21 décembre. La CFDT est la seule à ne pas avoir rejoint le mouvement. Le préavis de grève a donc pour durée l'ensemble de la période d'examen du projet de loi de finances de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.
Limiter l'indemnisation à 90%
Dans les colonnes du Figaro, le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian a affirmé vouloir passer d'un à trois jours concernant le délai de carence des fonctionnaires dans la fonction publique, en limitant l'indemnisation des arrêts maladie à 90%, comme dans le privé. Alors qu'une journée de mobilisation était déjà prévue ce mardi 29 octobre pour faire entendre la voix de l'hôpital public parmi les débats budgétaires, Grégory Leduc, secrétaire fédéral branche santé de Force ouvrière dénonce "la goutte d'eau".
Il dénonce également des conditions de travail "déplorables" pour le personnel hospitalier, avec des "horaires difficiles", de la "pression", un "rythme particulier en 3x8" et "l'absence de complémentaire santé". Les syndicats estiment que les trois jours de carence risquent d'aggraver ces conditions de travail, forçant le personnel à "revenir travailler malade". "Un arrêt de travail ne s'achète pas au supermarché, il y a un médecin derrière, et donc des conditions difficiles", explique-t-il. Avec les dernières annonces du gouvernement, le syndicaliste craint que cela ne mène à encore plus de départs de l'hôpital et donc à des conséquences sur les usagers, qui seront "les plus à plaindre".
Le retour du clivage gauche-droite
Ces annonces sur le délai de carence ont été applaudies à droite et par le RN, alors que la gauche s'indigne. Avec ces mesures, en appliquant au régime de la fonction publique celui du privé, le gouvernement compte réaliser environ 1,2 milliard d'euros d'économies. "Il faut lutter contre les raisons de cette souffrance [au travail] et pas cibler ceux qui en sont victimes", a déclaré le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, au micro de France Inter. Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble et invité de Franceinfo a lui conseillé au gouvernement de "mieux travailler sur les accidents du travail et sur la cause des arrêts".
Les élus de droite et du RN ont, eux, applaudi cette mesure qui souhaite répondre à la hausse du nombre de jours d'absence dans la fonction publique, à commencer par Jordan Bardella. Le président du RN, invité de France 2, s'y est dit favorable, à conditions qu'elle permette de "financer des mesures en faveur du pouvoir d'achat et de payer les heures supplémentaires d'un certain nombre d'agents de la fonction publique", en priorité les agents pénitentiaires ou des forces de l'ordre. Le programme du RN contenait notamment l'ajustement du régime de la fonction publique sur le privé, en passant à deux jours le délai de carence.