Budget 2025 : l'objectif de déficit de plus en plus fragile

Le gouvernement multiplie les concessions coûteuses pour s'assurer le soutien des élus, au point qu'au sein de l'exécutif, on s'interroge sur la possibilité même d'atteindre un déficit public de 5% du PIB en 2025.

Seule ligne rouge du budget 2025, le déficit public doit revenir à 5% du PIB l'an prochain, grâce à un effort budgétaire inédit de 60 milliards d'euros. Si la proposition initiale était "perfectible" d'après Michel Barnier, la trajectoire de redressement des comptes est non négociable. Au sein du gouvernement, l'objectif de 5% semble de plus en plus difficile à atteindre.

Des concessions coûteuses 

L'exécutif a lâché du lest, multipliant les concessions coûteuses, pour tenter de maintenir la stabilité de sa coalition. Avec l'allègement du report de l'indexation des retraites sur l'inflation au 1^er juillet qui ne plaisait pas à la droite, l'État passe à côté de 500 à 800 millions d'euros. 2 milliards de perdus également avec l'allègement de charges sur les bas salaires pour ne pas pénaliser la compétitivité des entreprises, qui ne plaisait pas aux macronistes. Maintenant que le projet de loi de finances 2025 est étudié au Sénat, d'autres concessions sont faites par le Premier ministre, qui font s'éloigner l'objectif de 5% du PIB. 

La hausse des taxes sur l'électricité reste un gros morceau du budget qui fait monter le ton de tous les côtés. Le gouvernement souhaite relever les taxes au niveau d'avant crise afin de dégager 6 milliards d'euros de recettes, une mesure déplorée dans sa coalition comme dans l'opposition. D'un côté, on réclame un retour au niveau d'avant crise, qui réduirait le gain de 3 milliards, de l'autre, on s'oppose à toute hausse. Pour éviter la censure du gouvernement agitée par le RN, Michel Barnier pourrait être tenté de renoncer aux milliards de la taxe sur l'électricité. 

"Le gouvernement avait pris des hypothèses prudentes sur les recettes ou sur la croissance. Et l'objectif de 60 milliards d'économies est calculé par rapport à une trajectoire d'évolution des dépenses assez discrétionnaire", estime un député du bloc central. Si l'"objectif indispensable" de 5% du PIB reste compliqué au vu des concessions qui ont été faites, il y a donc des raisons d'espérer que ce ne soit pas encore totalement dramatique.