Qu'est-ce que le gouvernement technique, dernière carte d'Emmanuel Macron ?

Qu'est-ce que le gouvernement technique, dernière carte d'Emmanuel Macron ? Si la motion de censure contre Barnier aboutit, il y a de grandes chances qu'Emmanuel Macron décide de mettre en place un gouvernement technique. Mais qu'est-ce que c'est ?

Pour éviter la paralysie du pays en cas de censure du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron pourrait nommer un gouvernement technique. Une dernière option alors que la motion de censure du NFP prend de l'épaisseur puisque Marine Le Pen a indiqué que le Rassemblement National pourrait voter celle-ci en cas d'adoption du budget 2025 à l'aide du 49.3.

Cette fois-ci, contrairement à la dissolution de juillet, le gouvernement sera immédiatement démissionnaire, et Macron ne pourra pas retarder le moment afin d'expédier les affaires courantes. Cependant, avec la nomination d'un gouvernement technique "chacun prendra date avec l'idée que cette fois-ci la dissolution n'est pas une option, mais bien une chose acquise", explique Benjamin Morel, constitutionnaliste, au Monde.

Qu'est-ce qu'un "gouvernement technique" ? 

Dans le cas de la nomination d'un gouvernement technique, les ministres ne sont plus des personnalités politiques engagées, mais des hauts fonctionnaires, économistes, diplomates ou experts reconnus pour leurs compétences et non leur étiquette partisane. Un gouvernement technique est là pour assurer la continuité économique du pays sans le côté politique de la fonction. La nomination d'un tel gouvernement permettrait de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale à partir de juillet 2025, puisqu'un délai d'un an doit être respecté, ou bien d'attendre une nouvelle élection présidentielle. Cela permettrait au gouvernement de passer uniquement un budget et des projets de loi d'urgence, avant de dissoudre à nouveau. 

Un cas inédit 

Jamais dans l'Histoire de la Vè République un gouvernement technique n'a été nommé, puisque celle-ci a été conçue pour éviter ce genre de scénario. En revanche, celui-ci a été utilisé quatre fois en Italie depuis 1993, où il est fréquent qu'un gouvernement de technocrates soit soutenu par une coalition. En 2021, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, avait gouverné avec le soutien des principaux partis. 

En cas de vote de la motion de censure, le budget 2025 ne sera pas totalement mort : le Sénat semble prendre la voie de l'adoption du texte, et il faut qu'un texte soit rejeté par les deux Chambres. Si le gouvernement est censuré, le budget 2025 repartirait donc à nouveau au Sénat, puis pourrait revenir à l'Assemblée et être adopté. Le gouvernement pourrait alors déclencher les ordonnances d'application, au moins le nouveau gouvernement, puisque jamais un gouvernement démissionnaire ne s'est retrouvé dans cette situation.