Mercosur : pour la présidente du Parlement européen, l'UE "ne doit pas isoler des États membres"
Roberta Metsola a assuré qu'elle ne souhaitait pas que le traité de libre-échange avec le Mercosur soit signé sans l'accord de la France, qui fait tout pour le bloquer en l'état.
Roberta Metsola était à Paris jeudi 21 novembre, pour y rencontrer notamment le Premier ministre Michel Barnier, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher. Au cœur des discussions, la signature de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, à laquelle la classe politique française s'oppose en l'état.
"Nous avons évoqué les inquiétudes qui subsistent, en particulier dans le secteur agricole français", a confié la présidente italienne du Parlement européen à La Tribune Dimanche. "Elles sont légitimes et doivent être entendues. Il est crucial de prendre le temps d'y répondre totalement", a-t-elle ajouté.
Une "solution équilibrée"
La Commission européenne espère conclure l'accord avec le Mercosur d'ici à la fin de l'année, malgré la vive opposition de la France. Les agriculteurs français dénoncent un traité qui les exposerait à une concurrence déloyale en favorisant l'importation de viandes à moindre coût, échappant aux normes européennes.
Roberta Metsola a dit avoir "l'espoir que l'on parvienne à une solution équilibrée qui à la fois protège les intérêts de nos agriculteurs, en particulier dans les branches les plus exposées, et débloque de nouvelles opportunités pour nos entreprises." Selon elle, un accord doit malgré tout être trouvé : "Nous désengager du commerce international nous priverait d'une occasion d'exporter nos valeurs et nos normes. Si nous ne nous impliquons pas, d'autres le feront à notre place."
"On ne doit pas isoler des États membres"
Mais la présidente du Parlement européen a assuré ne pas vouloir que l'accord soit trouvé sans la France : "qu'il y ait ou pas un vote à la majorité [du Conseil européen ndlr] sur le texte, on ne doit pas isoler des États membres", a-t-elle estimé, "parce qu'on ne peut pas dire à un pays désemparé par le déclin d'un secteur et qui se sent abandonné : 'Désolé, mais on ne vous écoutera pas !'"
L'accord avec le Mercosur doit être approuvé à l'unanimité par le Conseil européen, composé des chefs d'Etat ou de gouvernement de l'UE. Toutefois, la Commission européenne semble décidée à scinder le traité en deux pour faire voter, dans un premier temps, le volet commercial, qui ne solliciterait qu'une majorité qualifiée de voix. Le Parlement européen serait amené à se prononcer dans un second temps.