Motion de censure : Barnier renversé dans la semaine ?
Moins de trois mois après sa prise de fonction à Matignon, Michel Barnier est plus menacé que jamais. Ce lundi 2 décembre, le Premier ministre a engagé la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2025, via l'article 49.3 de la Constitution, devant l'Assemblée nationale. Un casus belli pour le Nouveau Front Populaire, qui a aussitôt déposé une motion de censure. Pour quelles conséquences ?
Pour la première fois depuis 1962, cette motion de censure a de réelles chances de réunir une majorité absolue à l'Assemblée, c'est-à-dire au moins 288 députés. Car les 124 députés du Rassemblement national devraient joindre leurs voix à celles des 192 députés de la gauche : lundi après-midi, Marine Le Pen a confirmé que son groupe déposerait sa propre motion et voterait celles des autres, "d'où qu'elles viennent".
De nouvelles concessions au RN ?
Le RN semble donc déterminé à renverser le gouvernement Barnier, et ce, malgré les nombreuses concessions faites par ce dernier aux députés de Marine Le Pen sur les deux textes budgétaires : pour tenter de les contenter, le Premier ministre a d'abord accepté de renoncer à la hausse de la taxe sur l'électricité et promis une restriction de l'aide médicale d'Etat (AME), dispositif destiné aux étrangers sans-papiers. Quelques heures avant d'activer le 49.3, il s'est encore engagé à ce qu'il n'y ait aucun "déremboursement des médicaments" en 2025.
Peu avant le déclenchement du 49.3, Marine Le Pen a encore tendu une ultime main au gouvernement, le sommant de renoncer totalement à son projet de désindexation des pensions de retraite en janvier 2025, déjà largement revu à la baisse par le Parlement. Michel Barnier essayera-t-il encore de satisfaire le Rassemblement national sur ce point pour s'éviter une censure ?
Les motions de censure examinées mercredi à 16h
Le Premier ministre n'a pas de temps à perdre : la conférence des présidents de l'Assemblée nationale a décidé ce mardi matin de fixer l'examen des deux motions de censure à mercredi à partir de 16H. D'ici là, Michel Barnier s'exprimera ce mardi soir au 20H de TF1 et de France 2, lors d'une interview qui pourrait bien être son baroud d'honneur.
Car si une motion de censure est votée, il n'aura pas d'autre choix que de remettre la démission de son gouvernement au président de la République. Ce dernier n'aura d'autre choix que de l'accepter : l'unique alternative, dans un tel cas, est la dissolution de l'Assemblée nationale mais celle-ci ne peut avoir lieu qu'une fois par an. Emmanuel Macron n'est donc pas autorisé à y recourir une nouvelle fois avant juillet 2025.