Après la censure de Michel Barnier, qui pour le remplacer à Matignon ?
Emmanuel Macron "veut nommer un Premier ministre en 24 heures", assurait un ancien membre du gouvernement, ce mercredi, auprès de BFMTV. La censure contre Michel Barnier n'était pas encore votée que le président de la République, en visite en Arabie Saoudite, lançait déjà des tractations discrètes pour le remplacer. Pas question, cette fois-ci, de laisser trainer le dossier : "Il ne veut pas apparaître sans gouvernement devant Trump ce week-end. C'est une question de crédibilité pour la France", pointe un de ses proches.
Mais sur quelle personnalité le chef de l'Etat va-t-il bien pouvoir parier pour faire adopter un budget au Parlement avant la fin de l'année ? Pour l'heure, la traditionnelle ribambelle d'hypothèses, toutes masculines, fait son retour. Le nom qui revient le plus est celui de Sébastien Lecornu : l'actuel ministre des Armées est la seule figure à avoir fait partie de tous les gouvernements depuis 2017. Proche du président, il est issu des rangs de la droite et ne semble pas susciter d'animosité particulière du côté du RN. Enfin, hasard opportun, il accompagnait Emmanuel Macron à Riyad au moment précis où le gouvernement de Michel Barnier était renversé.
Autre hypothèse solide : la nomination de François Baroin. Le maire LR de Troyes a été ministre sous Jacques Chirac puis sous Nicolas Sarkozy et il a été élu des deux chambres du Parlement. "C'est un élu local qui vient de la droite mais qui a toujours eu de très bonnes relations avec le PS. Et il n'a aucun contentieux avec le RN", juge un proche du président auprès du Parisien. Le quotidien pointe également sa proximité avec Eric Ciotti, désormais allié du RN.
Retailleau, Bayrou...
Dans le camp LR, le nom de Bruno Retailleau circule également, comme c'était déjà le cas avant la nomination de Michel Barnier. L'éphémère ministre de l'Intérieur, connu pour ses positions conservatrices, aurait le mérite de plaire aux rangs du RN, mais risquerait de froisser l'aile gauche du camp macroniste : c'est d'ailleurs ce qui avait déjà bloqué cet été.
Emmanuel Macron pourrait encore faire le choix de se tourner vers son vieil allié, François Bayrou. Depuis les législatives anticipées, le MoDem a incarné l'aile modérée du macronisme, ses députés votant plusieurs amendements de la gauche sur le budget. De plus, il s'est plusieurs fois dit favorable au scrutin proportionnel aux législatives, cheval de bataille du RN. En revanche, le maire de Pau risque d'être rattrapé par son procès dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, pour laquelle le parquet a fait appel.
Cazeneuve ?
Et la gauche, dans tout ça ? Alors que le Nouveau Front Populaire veut voir dans la chute de Michel Barnier une nouvelle opportunité de revendiquer Matignon, l'idée ne semble pas prendre dans les salons de l'Elysée. Emmanuel Macron "sait que la solution pour la stabilité n'est pas de ce côté là", souffle un proche du président à BFMTV. Le nom de l'ancien socialiste Bernard Cazeneuve, longuement discuté cet été, fait un timide retour mais ne semble pas convaincre le chef de l'Etat.
A noter que Ségolène Royal a indiqué avoir écrit à l'Elysée pour proposer ses services : "Pour que nul ne dise, si un Premier ministre d'un parti désavoué aux élections, à nouveau nommé, est à nouveau censuré, que c'est par manque de candidates venues de la gauche, expérimentées et rassembleuses", argue l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle sur X. Celle-ci estime aussi, au milieu de ce casting exclusivement masculin, qu'elle "le doit à toutes les femmes et petites filles".