L'Europe contre-attaque : des représailles prévues face aux taxes américaines

L'Europe contre-attaque : des représailles prévues face aux taxes américaines En réaction à de nouvelles barrières tarifaires décidées par Washington, la Commission européenne envisage des mesures de rétorsion. L'industrie sidérurgique du continent, déjà fragilisée, pourrait être fortement impactée.

L'Union européenne prépare une riposte aux nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump sur l'acier et l'aluminium. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dénoncé des mesures "injustifiées" et annoncé des contre-mesures. Ces taxes de 25% concernent toutes les importations, y compris celles en provenance de l'UE, du Canada et du Japon.

Donald Trump relance les taxes sur l'acier et l'aluminium, l'Europe réagit

Le président américain Donald Trump a signé un décret imposant des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium entrant aux États-Unis. À compter du 12 mars, ces nouvelles taxes s'appliqueront à tous les pays, y compris ceux qui bénéficiaient auparavant d'exemptions, comme l'Union européenne, le Canada, le Mexique, l'Argentine, l'Australie, la Corée du Sud et le Japon.

Lors d'une conférence à la Maison Blanche, Donald Trump a justifié cette décision par des enjeux de sécurité nationale et la nécessité de protéger l'industrie américaine. Il a également accusé certains pays de permettre le contournement des droits de douane via la Chine. "Les producteurs chinois profitent de l'exclusion générale du Mexique des droits de douane pour acheminer l'aluminium chinois vers les États-Unis via le Mexique", a affirmé le président américain dans son décret, cité par Le Monde.

Une riposte annoncée par l'Union européenne

L'annonce a provoqué une réaction immédiate de la Commission européenne. Ursula von der Leyen a déclaré que ces droits de douanes "ne resteront pas sans réponse. Ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées", a-t-elle assuré dans un communiqué, cité par Les Échos. Le chancelier allemand Olaf Scholz a également pris position, affirmant que l'Europe ne resterait pas passive.

En 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, l'UE avait répliqué en taxant des produits américains emblématiques, notamment des motos Harley-Davidson et du bourbon. Aucune mesure précise n'a encore été annoncée pour cette nouvelle vague de sanctions, mais la Commission européenne a confirmé qu'elle "protégera ses travailleurs, ses entreprises et ses consommateurs".

Un impact économique majeur

L'Europe est l'un des principaux fournisseurs d'acier et d'aluminium des États-Unis. En 2023, les exportations européennes d'acier vers les États-Unis représentaient environ 25% du total des ventes à l'international, selon un cabinet d'experts cité par France24. Ces nouvelles taxes pourraient donc impacter fortement l'industrie sidérurgique européenne, déjà fragilisée par une concurrence mondiale accrue et une baisse de la demande dans certains secteurs, notamment l'automobile.

Le Canada, principal fournisseur des États-Unis, est lui aussi concerné. Le Premier ministre Justin Trudeau a dénoncé une décision "inacceptable" et promis une réaction. "Nous travaillerons avec l'administration américaine au cours des prochaines semaines pour mettre en évidence les impacts négatifs de ces droits de douane inacceptables sur les Américains et les Canadiens", a-t-il déclaré à l'AFP.

Aux États-Unis, la Chambre de commerce américaine en Europe a exprimé ses craintes, rappelant qu'une mesure similaire en 2018 avait déjà eu des "effets négatifs sur l'emploi, la prospérité et la sécurité des deux côtés de l'Atlantique".

La Commission européenne dispose de plusieurs leviers pour répondre à ces taxes. En plus de possibles sanctions ciblées sur des produits américains, l'UE pourrait saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC), bien que cette procédure soit longue et incertaine.

Pour l'instant, des discussions doivent avoir lieu entre Bruxelles et Washington. Ursula von der Leyen doit rencontrer le vice-président américain J.D. Vance dans les prochains jours, en marge du sommet sur l'intelligence artificielle, pour tenter de désamorcer cette nouvelle tension commerciale.