Retraites : ouverture du "conclave" des retraites avec les partenaires sociaux

Retraites : ouverture du "conclave" des retraites avec les partenaires sociaux Ce jeudi a lieu la première réunion sur le dossier des retraites, le premier ministre ayant confié celui-ci aux partenaires sociaux.

Un mois et demi après l'annonce de la création d'un "conclave" sur les retraites, les organisations patronales et syndicales tiennent enfin leur première réunion pour "améliorer" la réforme des retraites de 2023. Une discussion promise "sans tabou" afin de répondre aux aspirations de la gauche et aux demandes des représentants des salariés. Mais les demandes afin de changer l'âge de départ de 64 ans n'ont eu de cesse d'évoluer. Ce mercredi, Matignon a fait parvenir un courrier aux participants, actant que l'objectif était de "rétablir l'équilibre" d'ici 2030. Le conclave doit rendre ses conclusions début juin. Les nouveaux paramètres seront promulgués en cas d'accord entre patrons et travailleurs. Sinon, "c'est la réforme actuelle qui continuera à s'appliquer". 

Un retour en arrière impossible pour le patronat

La trajectoire actuelle indique un déficit de 15 milliards d'euros d'ici 2035. "L'objet […] n'est pas le retour à l'équilibre, c'est le financement de l'abrogation des 64 ans. C'est de cela que l'on doit parler", a déclaré Sophie Binet, numéro un de la CGT, lors d'une réunion préparatoire le 20 février. Cela devrait coûter "10 milliards d'euros" d'ici 2030, un chiffre "tout à fait soutenable" selon elle. Mais pour le patronat, ce déficit rend impossible un retour à 62 ou 63 ans. "Revenir sur l'âge légal aurait des conséquences financières très lourdes", a averti Patrick Martin, le président du Medef. Les syndicats, loin des chiffres, souhaitent "regarder la situation réelle des individus", a déclaré Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT sur France 3. Mais les membres du gouvernement, qui ne doivent pas intervenir sur la question, semblent avoir du mal à laisser la main aux partenaires sociaux, Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur ayant averti que revenir sur les 64 ans serait "une erreur très grave", quand Eric Lombard, ministre de l'Économie affirme qu'il faudrait "sans doute travailler plus". 

Des menaces de boycott

Mais mener le conclave jusqu'à juin semble déjà être une première étape, Force Ouvrière ayant menacé de boycotter les discussions. Les autres syndicats reconnaissent cependant un problème dans la liste d'invités : trois centrales patronales, cinq syndicales dites représentatives ainsi que l'Unsa, un plus petit syndicat et la FNSEA. Solidaires et FSU ne sont pas conviés aux réunions alors même qu'ils sont membres de l'intersyndicale contre la réforme des retraites. "Cette lutte contre la réforme des retraites, on l'a menée à huit, on doit être reçus à huit", déclarait mi-janvier une source syndicale à l'AFP. Le gouvernement a précisé que l'Unsa et FNSEA se joindraient aux discussions "lorsque des thématiques non spécifiques au régimes général seront abordées". L'Unsa serait susceptible d'accepter un accord, alors que FSU et Solidaires sont plus proches de la CGT. 

Mais même si les partenaires sociaux parviennent à un accord, il restera ensuite à traduire celui-ci en loi. Le Parlement serait donc sais en cas d'"accord d'équilibre et de meilleure justice […] lors du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ou avant, et si nécessaire par une loi". Selon François Bayrou, "le Parlement aura, en tout état de cause, le dernier mot". Dès le mois prochain, des points réguliers sur l'avancée des travaux doit être présentés aux chefs de partis à l'Assemblée et au Sénat.