Donald Trump fait flamber les droits de douane, la croissance mondiale vacille

Donald Trump fait flamber les droits de douane, la croissance mondiale vacille Derrière les surtaxes américaines, c'est toute une mécanique économique qui se dérègle, entre tensions sur les chaînes d'approvisionnement et repli de l'activité industrielle dans plusieurs pays clés.

Les nouvelles hausses tarifaires imposées par Washington commencent à affecter l'économie mondiale. Ports ralentis, inflation, baisse des investissements : les premiers effets de la guerre commerciale de Trump se confirment.

Une pression immédiate sur les échanges et les coûts

Depuis début mai, les ports de Los Angeles et Long Beach ont vu leur activité baisser de 35% sur un an, selon Le Figaro. Ces plateformes clés pour les importations américaines illustrent l'impact direct des nouvelles taxes douanières. Les droits de douane moyens sont passés de 2,5% à 24% aux États-Unis, avec des surtaxes allant jusqu'à 145% sur certains produits chinois.

Cette guerre commerciale de Donald Trump entraîne un repli des entreprises. D'après Allianz Trade, 45% d'entre elles anticipent une chute de leur chiffre d'affaires à l'export. 70% des PME américaines signalent une hausse de leurs coûts d'exploitation. Ces augmentations se répercutent sur les prix à la consommation. Allianz Trade prévoit une inflation en hausse de 0,4 point, tandis que Carmignac estime que le PIB américain pourrait perdre 1,5% sur un an. "Les droits de douane sont équivalents à une TVA sur la consommation des plus pauvres", précise Raphaël Gallardo, économiste chez Carmignac.

Dans la grande consommation, plusieurs groupes – PepsiCo, Procter & Gamble, Kimberly-Clark – ont revu à la baisse leurs prévisions pour 2025. L'aérien suit la même tendance. L'IATA a réduit ses estimations de trafic mondial. En Californie, le tourisme international a reculé de 11% début mai. Les réservations européennes vers les États-Unis ont chuté de 25% en avril.

L'Europe fragilisée, la croissance mondiale abaissée

La guerre commerciale pèse sur l'économie européenne. Le Figaro cite une estimation d'Allianz Trade : des droits de douane à 50% sur les produits européens feraient perdre 100 milliards d'euros à l'Union, soit 0,5% de son PIB. L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Irlande, qui concentrent l'essentiel des exportations vers les États-Unis, sont particulièrement exposées. Selon Capital Economics, une telle mesure ferait reculer le PIB allemand de 1,7%, l'italien de 1,25% et le français de 0,75% sur trois ans.

L'OCDE a abaissé ses prévisions. La croissance mondiale devrait atteindre 2,9% en 2025 contre 3,3% en 2024. Les nouvelles taxes américaines culminent à 15,4%, leur niveau le plus élevé depuis 1938. Álvaro Pereira, chef économiste de l'OCDE, a déclaré qu'il "est à craindre que le protectionnisme et l'incertitude liée à la politique commerciale s'accentuent encore", lors de la réunion ministérielle citée par Les Échos. Une généralisation des hausses tarifaires de 10% ferait perdre un point entier de croissance au niveau mondial, selon l'organisation.

Le ralentissement touche également l'Amérique du Nord. Le PIB des États-Unis devrait passer de 2,8% en 2024 à 1,6% en 2025. Le Canada tomberait à 1%, et le Mexique à 0,4%. En Chine, la production manufacturière a chuté à son plus bas niveau depuis 2022 malgré le maintien d'une croissance à 4,5%.

Investissement mondial en retrait et incertitude prolongée

La guerre commerciale intervient dans un contexte de sous-investissement prolongé. L'OCDE souligne une baisse du taux d'investissement mondial, passé de 2,5% à 1,6% du PIB depuis la crise de 2008. Les dépenses en infrastructures ont reculé de 7%, et celles en machines ont stagné. Cette dynamique freine la croissance potentielle et affecte la productivité dans plusieurs régions, notamment en zone euro.

Álvaro Pereira évoque également une pression croissante sur les finances publiques. Le niveau d'endettement élevé, combiné aux besoins croissants en matière de défense, de transition écologique et de vieillissement démographique, complique les ajustements budgétaires. L'investissement s'est recentré sur les actifs incorporels et les technologies numériques, au détriment des équipements lourds.

Dans ce contexte, les tensions commerciales redessinent les priorités économiques. Le ralentissement de la croissance, conjugué à une incertitude durable, laisse peu de marge de manœuvre aux entreprises et aux États pour stabiliser la situation à court terme.