Crise à Matignon : Bayrou déchu, turbulence à l'Elysée et inquiétude budgétaire
Huit mois après sa nomination, François Bayrou quitte Matignon. L'Assemblée nationale a refusé de lui accorder sa confiance lundi 8 septembre, mettant fin à une tentative de consolidation sans majorité absolue. Le gouvernement est renversé, l'exécutif en suspens.
Rejet massif à l'Assemblée
Le résultat du vote est net : 364 députés contre, 194 pour. Le Premier ministre avait engagé la responsabilité de son gouvernement sur la base de l'article 49.1 de la Constitution, espérant rallier les rangs de la majorité relative. Mais les divisions internes ont pesé lourd : seuls 27 députés Les Républicains ont soutenu la confiance, 13 ont voté contre et 9 se sont abstenus. Même au sein du bloc macroniste, une députée s'est abstenue.
Malgré une allocution axée sur la gravité de la situation du pays, François Bayrou n'a pas convaincu. " Votre soutien, l'accord minimal sans lequel je ne pourrais pas poursuivre ma mission, je le demande sur un seul point mais décisif, le constat de la situation du pays ", a-t-il déclaré à la tribune, cité par Les Échos.
Les groupes d'opposition – RN, LFI, PS, écologistes, communistes, LIOT – ont voté contre à l'unanimité. À l'annonce des résultats, l'Élysée a indiqué qu'Emmanuel Macron recevrait le Premier ministre dès le lendemain pour entériner sa démission et qu'un nouveau chef de gouvernement serait désigné "dans les tout prochains jours", selon Les Échos.
Blocage politique et calendrier sous pression
Cette chute intervient alors que les textes budgétaires doivent être discutés dans les prochaines semaines. En l'absence d'un gouvernement en place, l'Assemblée est à l'arrêt. " Si les ministres ne peuvent pas siéger, alors on ne peut débattre d'aucun texte ", résume un habitué cité dans Le Figaro.
L'exécutif reste chargé des affaires courantes, mais sans capacité à porter des réformes ou engager des arbitrages politiques. Les commissions peuvent poursuivre leurs travaux, mais l'ordre du jour législatif est suspendu jusqu'à la nomination d'un nouvel exécutif.
Dans un contexte d'urgence financière, l'enjeu devient la recherche d'une majorité de projet, ou au minimum d'une forme de non-opposition. " Il faut chercher qui peut être le meilleur Premier ministre pour trouver des points de passage avec LR et les socialistes ", confie un proche du chef de l'État dans Le Figaro.
Au sein du groupe Renaissance, des compromis sont évoqués pour rallier certains groupes de gauche. " Il faut offrir une victoire symbolique à la gauche sur l'imposition des plus fortunés ", déclare Sylvain Maillard, cité par Le Figaro. Une mesure qu'il désapprouve mais considère nécessaire pour sortir de l'impasse.
La dissolution reste une option constitutionnelle, mais elle n'est pas privilégiée pour le moment. Emmanuel Macron tente, pour l'instant, de maintenir une continuité institutionnelle en désignant rapidement un nouveau chef de gouvernement.