Lecornu nommé Premier ministre : la gauche entre indignation et calcul
Sébastien Lecornu, ex-ministre des Armées et proche du chef de l'État, a été nommé Premier ministre à la suite de la chute du gouvernement Bayrou. Si ce choix a d'abord été reçu comme une provocation par les partis de gauche, les prises de position se sont rapidement nuancées. Le Parti socialiste, en particulier, se montre disposé à discuter, tout en mettant la barre très haut.
Une annonce qui fait grincer la gauche
Dès l'annonce mardi soir, les critiques ont fusé. Le député socialiste Philippe Brun a parlé d'une "gifle pour le Parlement", tandis qu'Olivier Faure dénonçait une "obstination présidentielle" qui ignore les résultats des élections législatives. Dans un communiqué relayé par Public Sénat, le Parti socialiste a reproché à Emmanuel Macron de "poursuivre dans une voie qui aggrave la défiance et l'instabilité".
Les réactions les plus virulentes sont venues des rangs écologistes et communistes. Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, a fustigé une "provocation irresponsable", tandis que Cécile Cukierman (PCF) soulignait une "crise politique profonde" liée au refus du Président de tenir compte du vote populaire. Mathilde Panot, cheffe de file de LFI à l'Assemblée, a quant à elle rejeté tout dialogue et réclamé la tenue d'une élection présidentielle anticipée.
Les socialistes prêts à négocier… sous conditions
Malgré le ton offensif affiché en public, plusieurs figures du PS ont laissé la porte ouverte à une négociation serrée. " Si Monsieur Lecornu montre des signes d'ouverture, nous irons à la table des discussions ", a déclaré Patrick Kanner dans Le Figaro, tout en précisant : " Nous ne sommes pas la béquille d'un président finissant. " Le président des sénateurs socialistes prévient également : "Nous négocierons au couteau."
Parmi les priorités mises en avant : une justice fiscale accrue, un geste fort pour les plus modestes, et une réforme plus juste des retraites. Sandrine Runel, députée socialiste, insiste notamment sur la nécessité de "mettre à contribution les plus hauts revenus" via des dispositifs comme la taxe Zucman.
Selon Le Figaro, plusieurs élus macronistes reconnaissent en privé ' il faudra lâcher du lest" pour faire passer le prochain budget. L'un d'eux confie même que "donner une victoire symbolique à la gauche est peut-être la seule voie pour éviter une censure".