Finances publiques : le gouverneur de la Banque de France met en garde contre l'inaction

Finances publiques : le gouverneur de la Banque de France met en garde contre l'inaction Face à une situation budgétaire jugée critique, François Villeroy de Galhau appelle à des décisions rapides, notamment des mesures ciblées sur les hauts patrimoines.

La dégradation récente de la note de la dette française a ravivé les tensions autour de la trajectoire budgétaire du pays. Le gouverneur de la Banque de France alerte sur l'urgence d'agir pour éviter une perte de crédibilité durable sur les marchés.

La lanterne rouge de l'Europe

Interviewé le 16 septembre sur France Inter, François Villeroy de Galhau affirme que "la France est la lanterne rouge de l'Europe" en matière de déficit public et de signature de crédit. Il cite l'exemple du Portugal et de l'Allemagne pour illustrer que d'autres pays sont parvenus à redresser leurs finances.

"Tous nos voisins ont réussi. Nous avons les moyens de régler le problème, mais il faut des compromis politiques et sortir des querelles politiciennes", estime-t-il. Il s'inquiète notamment de l'incertitude générée par l'absence de majorité claire, alors que le budget 2026 doit être voté avant le 31 décembre. Pour le gouverneur, tout ce qui augmente l'instabilité freine la croissance.

L'objectif de ramener le déficit à 3 % du PIB d'ici 2029 est réaffirmé, mais il suppose une mobilisation rapide. La dette publique, déjà dégradée de "AA-" à "A+" par Fitch, reste sous surveillance. Villeroy de Galhau plaide pour une réduction progressive mais ferme, reposant sur une stratégie partagée entre l'État, les collectivités et la Sécurité sociale.

Des mesures fiscales ciblées évoquées

Dans un entretien publié la veille par Le Monde, François Villeroy de Galhau précise les contours de l'ajustement budgétaire. Il évoque un effort principalement porté sur la maîtrise des dépenses publiques , mais n'exclut pas des mesures fiscales "ciblées et exceptionnelles" pour compléter l'ajustement.

Le gouverneur cite notamment la possibilité de mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines, à condition qu'elles n'affectent ni les classes moyennes ni les PME. "Il n'y a jamais d'impôt magique qui rapporterait énormément alors qu'il ne s'applique pas chez nos concurrents", déclare-t-il. Il se montre plus réservé sur la proposition de taxe Zucman défendue par la gauche, préférant une approche plus pragmatique et limitée dans le temps.

Concernant la croissance, la Banque de France a revu légèrement à la hausse sa prévision pour 2025, à 0,7 %, contre 0,6 % précédemment. La consommation des ménages et l'investissement privé devraient repartir à partir de 2026, mais l'environnement reste incertain, entre hausse des prix de l'énergie et tensions commerciales.

Le gouverneur insiste sur le besoin d'"un effort perçu comme juste", rappelant que la confiance économique dépend aussi de la clarté des choix politiques. En toile de fond, les débats autour du projet de loi de finances s'annoncent complexes, alors que le gouvernement cherche toujours à stabiliser sa majorité.