Fin de mandat anticipée pour Pierre Moscovici à la Cour des comptes

Le premier président de la Cour des comptes quittera son poste en janvier 2026, avant la fin prévue de son mandat. La France l'a proposé comme membre à la Cour des comptes européenne.

Pierre Moscovici a officialisé son départ de la Cour des comptes dans une lettre interne datée du 18 septembre. L'ancien ministre de l'Économie, en poste depuis 2020, rejoindra le 1ᵉʳ janvier 2026 la Cour des comptes européenne, basée à Luxembourg.

Un départ confirmé par courrier interne

Dans son message aux magistrats, Pierre Moscovici explique que "la France a proposé ma candidature en qualité de nouveau membre français de la Cour des comptes européenne. Cette proposition sera soumise au Parlement européen et au Conseil à l'automne, en vue d'une nomination à partir du 1ᵉʳ janvier 2026 ", selon un courrier cité par Le Monde.

Il souligne que cette perspective constitue "le prolongement de son engagement depuis plus de quarante années au service des juridictions financières, de l'État et des institutions européennes". Et d'ajouter qu'en janvier, il partira "fier d'avoir été à la tête d'une institution et d'un collectif exceptionnels".

Cette annonce intervient alors que son mandat avait été prolongé récemment jusqu'en septembre 2026. Interrogé la veille sur France Inter, Pierre Moscovici s'était limité à dire : "Je peux vous assurer que je serai là pour tout le débat budgétaire."

Un parcours entre Paris et Bruxelles

Âgé de 68 ans, Pierre Moscovici a occupé plusieurs fonctions de premier plan. Ancien élève de l'ENA, membre du Parti socialiste dès 1984, il devient ministre des Affaires européennes sous Lionel Jospin, puis ministre de l'Économie en 2012. Son passage à Bercy est marqué par une politique de réduction de la dette et une déclaration restée célèbre sur le "ras-le-bol fiscal" des Français.

En 2014, il est nommé commissaire européen en charge des Affaires économiques, fonction qu'il occupe jusqu'en 2019. En juin 2020, Emmanuel Macron le désigne premier président de la Cour des comptes. Ses prises de position publiques sur la gestion budgétaire de l'État ont régulièrement suscité des débats. Début 2025, il avait menacé de refuser de certifier les comptes publics si les recommandations de l'institution n'étaient pas davantage respectées.

Sa gouvernance a aussi provoqué des tensions en interne. En juillet, certains magistrats dénonçaient dans Le Monde des décisions "arbitraires et discrétionnaires". Début septembre, Pierre Moscovici avait répondu en accusant "une poignée de magistrats" de critiques "mensongères", rejetant toute politisation de ses choix.

Les interrogations autour de sa succession

Le départ de Pierre Moscovici relance les spéculations sur sa succession rue Cambon. Selon Le Figaro, plusieurs personnalités sont évoquées, dont les anciens Premiers ministres Jean Castex et Élisabeth Borne, l'ex-ministre Emmanuelle Wargon ou encore Bruno Le Maire.

La désignation pourrait cependant prendre du temps : il avait fallu près de six mois à Emmanuel Macron pour nommer Pierre Moscovici en 2020, après le départ de Didier Migaud. En attendant, l'ancien ministre se dit "pleinement mobilisé" jusqu'à son départ effectif. Il participera au débat budgétaire d'automne et restera en poste jusqu'à la promulgation de la loi de finances, prévue le 31 décembre.