Budget, retraites : le PS choisit la négociation plutôt que la censure

Budget, retraites : le PS choisit la négociation plutôt que la censure Malgré la pression d'une partie de la gauche, le groupe socialiste a décidé de ne pas censurer le gouvernement. En échange, l'exécutif a suspendu la réforme des retraites.

Alors que les débats sur le budget 2026 s'ouvrent dans un climat économique et politique tendu, les choix stratégiques des partis d'opposition deviennent décisifs. Le Parti socialiste, pris entre ses engagements de gauche et la volonté d'obtenir des avancées concrètes, a opté pour une approche négociée avec la majorité. Ce positionnement marque une rupture avec la ligne plus offensive portée par d'autres groupes de la Nupes.

Une censure évitée de justesse

Lundi 14 octobre, le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a annoncé qu'il ne déposerait pas de motion de censure contre le gouvernement Lecornu II. Cette décision intervient dans un contexte budgétaire tendu, alors que le projet de loi de finances 2026 prévoit de nouvelles mesures d'économies, notamment la suppression de 23 niches fiscales. Plusieurs élus de la gauche, dont des membres de La France insoumise, appelaient pourtant à sanctionner le gouvernement dès l'ouverture de la session parlementaire.

Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a justifié cette stratégie par un accord obtenu avec l'exécutif. "Nous proposerons la taxe Zucman par amendement", a-t-il indiqué, tout en affirmant que "la réforme des retraites est suspendue pour le moment", selon ses propos relayés par Public Sénat. Le chef de file des socialistes souligne que cette suspension est un gage donné par l'exécutif en échange du maintien d'un dialogue parlementaire.

Cette posture a néanmoins suscité des critiques internes. Certains parlementaires estiment que ne pas censurer le gouvernement revient à lui accorder une forme de blanc-seing. Interrogée par Le Monde, Valérie Rabault, députée PS, a reconnu que "la question s'est posée" au sein du groupe, mais que "l'important reste d'influer sur le contenu du budget".

Un compromis sur fond de tensions sociales

La mesure la plus sensible reste la réforme des retraites, dont la suspension temporaire a été confirmée par Sébastien Lecornu lui-même. Le Premier ministre a indiqué que "le climat actuel ne se prête pas à rouvrir ce débat", selon des propos rapportés par Le Monde. L'exécutif souhaite visiblement éviter un nouvel épisode de mobilisation sociale, un an seulement après le passage en force du texte de 2023.

Parallèlement, les débats budgétaires s'annoncent houleux. Le projet de loi de finances 2026 contient des mesures impopulaires, comme la suppression de l'abattement de 10 % sur les pensions de retraite ou la fiscalisation des indemnités journalières pour affections de longue durée. Le gouvernement table sur 5 milliards d'euros d'économies grâce à la suppression de 23 niches fiscales. Selon Olivier Faure, cette ligne budgétaire "peut être infléchie à condition d'un rapport de force clair".

Dans ce contexte, la majorité présidentielle cherche à élargir ses soutiens au Parlement. La suspension de la réforme des retraites pourrait permettre d'apaiser les tensions et de sécuriser le vote du budget. "Nous voulons un débat constructif", a assuré Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics, cité dans Public Sénat.

Les discussions autour de la taxe sur les très hauts patrimoines, dite "taxe Zucman", pourraient également jouer un rôle de monnaie d'échange. Le groupe socialiste a prévu de déposer un amendement en ce sens. Le gouvernement n'a pas fermé la porte, mais a indiqué qu'il se réserverait le droit de juger de "l'impact réel" de cette mesure.