Budget 2026 : les premiers amendements adoptés pèsent déjà 3,6 milliards d'euros

Budget 2026 : les premiers amendements adoptés pèsent déjà 3,6 milliards d'euros Les députés ont validé plusieurs mesures fiscales représentant une perte de recettes de plusieurs milliards d'euros pour l'Etat. Le gouvernement n'a pas encore précisé comment ces dépenses seront compensées.

Les premiers amendements adoptés dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2026 vont à l'encontre des économies annoncées. Trois mesures votées vendredi et samedi représentent à elles seules plus de 10 % de l'effort budgétaire prévu.

Défiscalisation, crédits d'impôt et indexation du barème fiscal

Les discussions en séance publique ont conduit à l'adoption de plusieurs amendements significatifs. D'abord, les députés ont validé un texte porté par Laurent Wauquiez (LR) visant à indexer toutes les tranches de l'impôt sur le revenu sur l'inflation en 2026. Le gouvernement avait proposé un gel du barème, qui aurait eu pour effet de rendre 200 000 foyers supplémentaires imposables. Cette mesure, désormais abandonnée, entraîne une perte de recettes de 2 milliards d'euros, selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics.

Dans le même temps, un second amendement présenté également par Les Républicains a été adopté. Il prévoit la défiscalisation totale des heures supplémentaires, alors que ce dispositif était jusqu'ici plafonné à 7 500 euros par an. Selon la ministre, cette mesure coûtera 1 milliard d'euros, et profiterait principalement aux cadres dirigeants et supérieurs, les seuls atteignant régulièrement ce plafond.

Un troisième amendement voté à l'initiative de La France insoumise transforme la réduction d'impôt de 25 % sur les frais de séjour en Ehpad en un crédit d'impôt. Cette modification permettra aux foyers non imposables de bénéficier également de cette aide, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent. Le coût est estimé à 600 millions d'euros. L'amendement a été adopté avec le soutien du RN et de la gauche, à l'exception du Parti socialiste.

Mesures de compensation et recettes supplémentaires limitées

Ces trois dispositions représentent 3,6 milliards d'euros de dépenses nouvelles, soit plus de 10 % de l'objectif global d'économie budgétaire affiché par le gouvernement. Celui-ci entendait réduire les dépenses publiques de 30 milliards d'euros l'an prochain. À ce stade, aucune compensation précise n'a été votée.

Côté recettes, les mesures validées restent limitées. L'Assemblée a adopté un amendement écologiste modifiant la fiscalisation des pensions alimentaires. Jusqu'ici, les sommes versées étaient déductibles des revenus imposables du parent payeur, et imposées pour le parent receveur. L'inversion du régime devrait rapporter environ 450 millions d'euros par an, selon l'exposé des motifs. Ce chiffre n'a pas été confirmé par le gouvernement.

D'autres recettes apparaissent marginales. Un amendement vise à raboter l'abattement fiscal réservé aux journalistes, qui permet de déduire jusqu'à 7 650 euros par an. Le seuil de revenus pour y prétendre passerait de 93 510 à 75 675 euros. Le montant total de l'abattement s'élève actuellement à 35 millions d'euros par an, selon le député Sébastien Chenu (RN), qui proposait sa suppression.

Enfin, les députés ont adopté la pérennisation de la contribution différentielle sur les hauts revenus. Ce mécanisme impose un taux d'imposition moyen de 20 % pour les ménages les plus aisés, jusqu'au retour du déficit public sous 3 %. Il devrait rapporter 1,5 milliard d'euros en 2026.