Laurent Du Fayet de la Tour (CA France) "Certains de nos clients reconfigurent leur SI"

L'éditeur multicarte en gouvernance des SI, sécurité et gestion des infrastructures combat la crise par la vitalité de sa croissance. Green IT et cloud computing constituent ses nouveaux terrains de prédilection.

A mi-parcours de votre exercice fiscal 2009/2010, êtes-vous en phase avec vos prévisions de début d'année ?

Nous avons publié un résultat financier et des prévisions solides en mars dernier à l'occasion de la clôture de notre exercice fiscal. Elles sont aujourd'hui toujours en ligne avec ce que l'on avait annoncé. Nous nous attendons donc à surperformer le marché pour les 6-8 mois à venir.

Alors que les cabinets d'analyse et le Syntec s'attendent à une croissance comprise entre 0 et 4%, CA devrait au minimum se situer à 4%, voire plus. Au niveau mondial, nos prévisions pour la fin d'exercice en cours s'établissent entre 4,3 et 4,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires. En France, notre croissance devrait suivre une tendance située entre 2 et 4% de croissance.

Quels seront vos principaux moteurs de croissance pour l'année à venir ?

Les moteurs de croissance de la reprise que nous avons identifié étant les nouveaux cadres règlementaires, nous avons identifié la transformation des datacenters, les programmes d'innovation du secteur public, le green IT et le cloud computing.

Dans ce contexte, le DSI jouera un rôle primordial en éliminant tous les projets qui ne produisent pas de valeur et en prenant des initiatives démontrant l'agilité de l'informatique, sa conformité au Green IT.

Comment évaluez-vous l'impact de la crise sur vos clients ?

Avec la crise, nos clients sont devenus plus exigeants dans leurs arbitrages projets. Ils sont plus que jamais en recherche d'une mise en œuvre rapide et d'un temps d'implémentation réduit. Ils veulent avancer étape par étape et découpent encore plus leurs projets également, les lots sont plus nombreux, avec un retour sur investissement qui doit être très rapide et mesurable.

Pour certains clients, les projets sont même plus importants qu'avant et sont actuellement lancés dans des phases de reconfiguration de leur SI. 

"Nous ne sommes pas en concurrence frontale des pure players du cloud computing"

Votre stratégie cloud vous amène-t-elle à rentrer en concurrence frontale avec d'autres acteurs ?

Nous ne positionnons pas en concurrence frontale des pure players du cloud computing comme IBM, Amazon ou encore EMC-Cisco. Nous avons pour vocation à proposer des solutions de gouvernance, de sécurité et de gestion d'infrastructures qui permettent à nos clients d'avoir une visibilité totale sur leur activité. Et ce, quel que soit leurs ressources gérées aussi bien en interne, que dans un nuage privé ou public.

CA est aujourd'hui le seul vendeur indépendant qui possède une expertise en matière de plates-formes d'administration qui aille du mainframe aux infrastructures distribuées et cloud. Nous avons à ce titre annoncé cet été un partenariat avec Amazon pour supporter sa plate-forme EC2. CA, pour le cloud comme pour les autres plates-formes, poursuivra à jouer ce rôle de facilitateur.

Qu'en est-il du rachat de Cassatt ?

Le rachat de Cassatt il y a quelques mois s'inscrit donc pleinement dans notre stratégie de développement. Nous ne nous interdisons pas de racheter toutes les technologies qui permettent d'apporter un avantage concurrentiel ou un facteur différenciant, bien au contraire.

Ce n'est pas un hasard si nous sommes aussi bien placés dans tous les carrés magiques du Gartner en tant que leader sur les solutions de gestion des infrastructures, mais aussi de gouvernance et de gestion des centres d'appel, de la supervision et des niveaux de services.

Nous souhaitons développer également nos partenariats technologiques comme cela est le cas tout dernièrement avec Salesforce.com pour permettre aux développeurs via la plate-forme Force.com d'accéder aux API des applications CA.

Quelle a été votre motivation pour lancer ecoSoftware ?

Nous ne sommes pas persuadé que les entreprises soient encore toutes arrivées à maturité sur le sujet. Néanmoins, nous pensons que la mesure de l'empreinte carbone constitue un enjeu important. C'est pourquoi nous avons développé ecoSoftware, conjointement avec Tesco car ils étaient très en avance en la matière.

"Nous développons nos produits stratégiques et les complétons éventuellement par des briques technologiques disruptives"

La solution n'est pas encore officiellement distribuée en France mais intéresse d'ores et déjà plusieurs grandes entreprises françaises du SBF 120.

Cette solution permettra de mesurer les différentes empreintes carbones liées en particulier à ses composants informatiques, et de s'assurer qu'elles soient bien alignées avec les enjeux métiers de l'entreprise.

L'Inde est-elle toujours une région motrice pour vous ?

Notre équipe de direction aux Etats-Unis constate effectivement une croissance de notre activité en Inde. Malgré un léger ralentissement au deuxième trimestre, nos prévisions de croissance dans cette région restent très positives, notamment grâce à des partenariats conclus avec des SSII indiennes. Cependant il faut aussi signaler que nous observons de bonnes performances dans des pays émergents tels que le Brésil, notamment dans le secteur public et les télécoms.

Pour ce qui est de nos équipes de R&D composée de plus de 5 000 personnes dans le monde, l'Inde constitue une bonne part de nos équipes mais nous disposons aussi de développeurs aux Etats-Unis, en Amérique Latine, en Europe de l'Est et en Australie.

Sur quels segments de marché allez-vous investir ?

Notre stratégie est de développer nos produits stratégiques par nous-mêmes et de les compléter éventuellement par des briques technologiques ciblées, disruptives, qui nous procurent un avantage compétitif. Cependant aucun domaine particulier n'est privilégié.

Malgré la crise nos efforts d'innovation n'ont jamais été aussi forts, pour cette l'année fiscale en cours nous investissons 600 millions de dollars en R&D. Par ailleurs, nous avons procédé à 3 acquisitions : Orchestria en janvier 2009 en juin, et NetQoS en septembre 2009.

Toutes ces acquisitions et ces efforts d'innovation nous permettent de nous positionner comme un acteur majeur de la gestion du S.I du futur en couvrant à la fois : le cloud, la virtualisation, la sécurité, le SaaS et le mainframe.

Allez-vous recruter en 2010 ?

En France, nous allons renforcer nos équipes commerciales mais également d'architectes produits de près de 15%. Cela correspond à plusieurs dizaines de nouveaux recrutements sur 2010. C'est une stratégie de recrutement offensive basée sur la croissance de notre portfeuille de solutions qui a été particulièrement dynamique cette année et continuera à l'être l'année prochaine.

Quels sont vos leviers stratégiques d'évolutuion ?

Nous allons toujours porter une attention particulière à nos activités cœur de métier : gouvernance des SI, sécurité et gestion des infrastructures. Pour autant, certaines activités seront également stratégiques pour nous en 2010 et plutôt transverses comme le green IT et la virtualisation.

Les entreprises sont également très intéressées par toutes les démarches pragmatiques et concrètes qu'on peut être amenés à proposer et dont le cloud fait bien sûr également partie. En France, on remarque d'ailleurs que les entreprises sont de plus en plus demandeuses envers les projets cloud computing, même s'ils ne concernent pour le moment qu'un périmètre réduit de leur SI.

Laurent du Fayet de la Tour est directeur général de CA France. Il est entré chez l'éditeur en janvier 2007 en tant que directeur commercial avant d'être nommé directeur général France en juin 2008. Avant de rejoindre CA, il a travaillé 4 ans chez Cegetel puis chez Neuf-Cegetel, où il était directeur commercial des ventes directes et a passé 18 ans chez IBM où il a occupé différentes fonctions dont celle de directeur général d'IBM France Financement. Laurent du Fayet de la Tour est diplômé de l'Ecole Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l'Industrie.