Xavier Perret (Microsoft) "Azure OpenAI est devenu un vecteur de conversation au niveau des comités exécutifs"

Le directeur Azure de Microsoft France détaille les principales tendances des clients locaux du cloud de l'éditeur américain en termes de projets de déploiement, notamment dans l'IA générative.

JDN. Quelles sont les tendances que vous observez en matière de projets cloud chez vos principaux clients en France en 2023 ?

Xavier Perret est directeur Azure au sein de Microsoft France. © Microsoft

Xavier Perret. Nous observons principalement quatre tendances : le cloud hybride, notamment via les services Azure Arc et Azure Stack HCI, la cybersécurité, l'IA générative et, enfin, comme corolaire la data.

Quels sont leurs projets en matière d'IA générative ?

Quatre grands thèmes se distinguent. En premier lieu, l'IA générative touche l'environnement du développeur avec des projets de documentation de code ou d'unification des processus de développement. Cette tendance passe notamment par l'adoption croissante de notre assistant GitHub Copilot. En deuxième lieu, l'IA générative concerne la gestion des compétences et l'accès aux données en mode conversationnel. Troisième catégorie de projet : des déploiements d'assistants de CRM que ce soit en direction d'agents dans des call center ou pour la relation client directe.

Quatrième champs d'intervention, la genAI intervient évidemment dans la création de contenu. Sur ce terrain, nous avons le cas d'un opérateur télécoms qui met à la disposition de ses salariés dans le marketing une interface pour mettre à jour de la documentation de produits ou de services.

Azure OpenAI est disponible sur la région France-Centre d'Azure...

Nous déployons les modèles de langage d'OpenAI, mais aussi d'autres comme Llama 2 de Meta ou encore des modèles open source que nous pouvons mettre en œuvre via Azure Machine Learning. Pour ce qui est d'Azure OpenAI, il est effectivement disponible sur la région France-Centre. De nombreux clients français utilisent ce service. C'est le cas de Carrefour pour son chatbot client ou encore d'Axa pour un assistant interne reposant sur GPT. On peut aussi évoquer Cdiscount, Groupama, Orange ou Covéa, notamment.

"L'IA générative pousse les directions générales à se poser aussi la question de la data"

Azure OpenAI est devenu un vecteur de conversation au niveau des comités exécutifs. C'est une réalité depuis 6 à 9 mois. Ce service est, de fait, devenu un proof point de la valeur du cloud en termes d'agilité et d'innovation. En témoigne le chatbot de Carrefour qui a été lancé en cinq semaines.

Qu'en est-il des projets data ?

L'IA générative pousse les directions générales à se poser aussi la question de la data. Ce qui conduit à une accélération des déploiements de data lake en mode cloud. Cela passe par l'utilisation de Databricks sur Azure, d'Azure Synapse Analytics, mais aussi de Power BI pour la partie data visualisation. On relève également une appétence particulière en faveur de la plateforme d'analytique tout-en-un Microsoft Fabric.

La région France-Centre bénéficie-t-elle de GPT-4 ?

C'est la première région européenne à avoir bénéficié de cette version en avril dernier. Nous l'avons déployée en réponse à un vrai besoin. En France, un tissu d'éditeurs s'est approprié Azure OpenAI très tôt. Il s'agit d'une spécificité française. Parmi ces acteurs figurent par exemple Expensia, Neocase, Sinequa, Witivio ou 365talents. C'est aussi pour cette raison que nous avons lancé l'accélérateur GenAI Startup Program à Station F.

Qu'est-ce qui fait que tous ces clients font appel à Azure OpenAI en France plutôt qu'aux services proposés par OpenAI en direct ?

Ils profitent du faisceau de conformités réglementaires dont bénéficie la région France-Centre, parmi lesquelles figurent, par exemple, la certification HDS (pour hébergeurs de données de santé, ndlr). Ils profitent aussi des conditions d'Azure de manière plus globale. Sur ce second point, Microsoft prend l'engagement pour ce qui est des données stockées en Europe que les data et les meta data restent hébergées localement. Il s'agit de notre engagement interne dit d'EU Data Boundary.

Qui sont les partenaires de Microsoft autour de l'IA générative ?

En France, nous avons plusieurs partenaires qui interviennent à différents niveaux. Il s'agit de partenaires stratégiques comme BCG, EY ou PWC. Mais également de partenaires technologiques parmi lesquels Onepoint, Equimetrix, Cellenza ou Capgemini.

Observez-vous comme vos concurrents une explosion de la demande en matière de serverless ?

Effectivement. Nous constatons une accélération du recours aux services sans serveur en 2023. Ici, on parle de Kubernetes ou encore d'app services, voire même des Azure Functions. En ce moment, toutes les discussions que nous avons avec les développeurs tournent autour de ces sujets.

Diplômé du Corps des Mines, ainsi que d'un MBA Exécutif ESSEC-Mannheim, Xavier Perret travaille dans le domaine de l'IT et de l'Internet depuis plus de vingt ans. Avec un parcours hybride d'ingénieur, marketing, sales, il a cofondé et accompagné plusieurs startups, occupé plusieurs fonctions au sein de grands groupes de télécoms et d'informatique et écrit deux livres sur la transformation digitale. Il est aujourd'hui directeur de l'entité Azure de Microsoft France en charge du développement de l'ensemble des solutions d'infrastructures, services d'intelligence artificielle et de réalité mixte, internet des objets ainsi que de l'animation des développeurs.