No code : les critères pour sélectionner sa solution
Du développement de sites web au CRM en passant par l'automatisation, les outils de développement sans code sont positionnés dans des domaines variés. Comment s'y retrouver ?
"Plus de 900 outils de développement no code existent sur le marché, ce qui ne rend pas la tâche facile lors du choix", constate Pierre Launay, CEO et cofondateur de l'agence et l'école Cube. Face à cet océan de solutions, la première étape consiste à dresser un panorama de l'offre. Les applications de développement sans code peuvent être classées dans plusieurs catégories. Des outils sont par exemple focalisés sur l'interface graphique, tel que Weweb (une application française). D'autres sur le back office à l'image de Xano. D'autres encore comme Airtable, Baserow ou Timetonic (encore un Français) se présentent sous la forme de produits intermédiaires taillés pour structurer la donnée. Ensuite viennent les solutions d'automatisation. C'est le cas de Make, Mindflow, n8n ou Zapier. "Il s'agit de constructeurs d'API qui permettent d'automatiser l'intégration de donnée d'une app à l'autre", commente Pierre Launay.
Sur le plan des environnements de développement Internet, on retrouvera Webflow pour les sites vitrines et de contenu, et Bubble pour les applications web. "Adalo et Softr sont comparables à Bubble, mais à la différence de ce dernier ils seront purement no code et n'incluront pas de possibilités low code permettant des fonctionnalités plus riches. Ils seront de facto plus faciles à prendre en main", constate Pierre Launay. Enfin, viennent les outils sur étagères parmi lesquels on classe les CRM Hubspot ou Salesforce ou encore les outils de formulaires comme Typeform et Tally.
L'architecture
Deux stratégies d'architecture se distinguent en matière de no code, chacune aura un impact sur le choix de la solution. Première voie : la sélection d'une offre unique. "Dans le cas d'une grande entreprise, on pourra être tenté par un choix stratégique de niveau groupe en faveur d'une plateforme low code puissante comme Power Apps, Mendix ou Outsystems. Il s'agit de solutions d'entreprise, qui se déploient sur des centaines voire des milliers d'utilisateurs, et par définition très onéreuses. Ces produits ont des approches très technologiques avec un ticket d'entrée assez élevé en termes de compétences, dans la mesure où ils promettent de gérer des sujets cœur business et pas seulement des applications périphériques", explique Pierre Launay. Côté PME, on s'orientera plutôt vers Bubble ou Webflow en fonction du cas d'usage, voire Wix dans le cas d'une TPE cherchant à se doter d'un site vitrine. "Comparé aux plateformes low code citées plus haut, on est évidemment sur des grilles tarifaires qui n'ont rien à voir", commente Pierre Launay.
"A l'image de Webflow, un outil no code peut générer le code de l'application pour l'héberger chez soi"
Seconde stratégie, on pourra être tenté de sélectionner plusieurs outils no code, notamment en vue de réduire sa dépendance à une offre unique, mais aussi dans l'optique de bénéficier des meilleurs produits dans chaque domaine ciblé. "Ce qui implique de choisir des solutions évidemment compatibles entre elles", explique Francis Lelong, CEO de l'agence Alegria.group. "Pour construire une application web par exemple, on combinera typiquement un outil de gestion de base de données à un outil de gestion de front. Sur ce plan, le couple Xano-Weweb fonctionne très bien."
L'interopérabilité
Que ce soit dans le cas d'un outil unique ou dans celui d'une galaxie de solutions, il est recommandé de privilégier des applications équipées d'API. Les interfaces de programmation permettront à la fois aux différentes solutions de dialoguer entre elles, mais aussi d'interagir avec le reste du système d'informations. Il est conseillé par ailleurs de se tourner vers un produit lançant des passerelles vers les environnements de codage traditionnel pour se donner les moyens de répondre à des besoins de développement plus spécifiques.
"A l'image de Webflow, un outil no code peut aussi générer le code de l'application. Ce qui permettra de l'héberger sur ses propres infrastructures, que ce soit on-premise ou encore sur un cloud public ou privé", ajoute Francis Lelong.
La pérennité
L'un des principaux critères de choix d'une solution no code réside dans sa pérennité. Plus que dans les autres domaines du numérique d'entreprise, il est préférable d'opter pour un éditeur ayant atteint une taille critique suffisante, à la fois financière et opérationnelle, pour fournir des garanties de durabilité. Ce critère est d'autant plus important qu'une offre de développement sans code est par définition en mode SaaS. Elle implique donc une adhérence très forte du projet à la solution, et ce à la différence d'un environnement de traditionnel via un langage de développement classique qui, bien conçu, sera de son côté portable d'un cloud à l'autre.
Qui va mener le projet ?
Le profil des équipes de gestion de projet est l'un des critères centraux de choix d'une solution no code. "Est-ce les équipes métier de l'entreprise qui vont intervenir directement sur le développement ou est-ce une agence ?", interroge Pierre Launay. Dans le premier cas, on pourra partir sur des outils très simples à appréhender comme Adalo et Softr. Dans le second, il pourra s'agir de s'orienter vers des solutions plus riches, mais un peu plus complexes à prendre en main à l'image de Webflow ou Bubble. "Dans un deuxième temps, les équipes internes pourront être amenées à se former à ces outils pour gagner en autonomie", ajoute Pierre Launay.
Une grille de critères
Au total, une douzaine de critères pourront être pris en compte lors du choix d'une solution no code. Chacun devant être pondéré en fonction de la taille et des besoins spécifiques de l'entreprise et du projet :
- Les fonctionnalités,
- La présence d'une API (un critère jugé nécessaire par les consultants interrogés),
- La garantie de niveaux de service (SLA),
- Le prix,
- La qualité de l'interface,
- La facilité de prise en main / les compétences nécessaires,
- La conformité au RGPD,
- La cybersécurité,
- La licence (open source ou propriétaire),
- La pérennité de l'éditeur,
- La capacité à récupérer le code,
- L'outil est-il facilement interchangeable.