Gaia-X France se prépare à passer à l'échelle

Gaia-X France se prépare à passer à l'échelle Le chapitre français du consortium lance un data space lab. Un bac à sable qui doit permettre de créer un écosystème de données multisectoriel, standardisé et intégré. Dans le même temps, l'IMT reprend la coordination du projet.

Jusqu'ici, c'était le Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref) qui avait en charge la coordination du chapitre français de Gaia-X. Comptant pas moins de 330 partenaires, à la fois des fournisseurs IT et des grands donneurs d'ordre, ce consortium se donne pour mission de développer une infrastructure de données cloud, à la fois fiable, sécurisée et interopérable, et ce pour l'ensemble de l'Union européenne. Aujourd'hui, le Cigref, même s'il demeure une pièce maîtresse du projet, transmet son rôle de coordination à l'Institut Mines-Télécom (IMT). Objectif : mettre en place, au niveau français, les briques nécessaires pour permettre à Gaia-X de passer à l'échelle dans l'Hexagone. A l'occasion d'une session plénière qui se tient ce 8 mars 2024, Gaia-X annonce en parallèle le lancement du tout premier composant de cet arsenal : le data space lab. Un bac à sable qui est basé sur un financement de l'Etat d'une durée de trois ans.

Le data space lab s'adosse à teraLab. Un environnement d'intelligence artificielle et de big data crée en 2014 au sein de l'IMT au profit des organisations souhaitant se développer sur ces segments. "Le data space lab va accompagner les entreprises dans la prise en main des composants de Gaia-X en vue de créer leurs propres hubs de données", explique Anne-Sophie Taillandier, data & AI teraLab platform director au sein de l'IMT. Gestion d'identité numérique décentralisée, description de catalogues de services cloud, spécification des politiques d'usage, processus de négociation contractuelle... In fine, l'enjeu est de pousser les opérateurs de données à mettre en œuvre les premières briques open source implémentant les standards définis par Gaia-X. Parmi les fournisseurs de ces solutions figurent notamment OVHCloud ou encore Dawex côté français.

Multiplier les hubs de données interopérables

"Chaque secteur développe sa propre sémantique d'échange de données. Mais l'idée avec Gaia-X est de disposer d'un socle commun qui permette la naissance de synergies en favorisant l'interopérabilité des différentes sources. L'enjeu est de promouvoir la création de services multisectoriels", résume Anne-Sophie Taillandier. "Dans la mobilité par exemple, on rêve tous de bénéficier d'un seul QR Code pour tous les modes de transport, ou de savoir quel est son niveau global de consommation carboné ou décarboné. Aboutir à ces cas d'usage, c'est là tout l'intérêt de l'approche multi-domaines de Gaia-X."

En parallèle, Gaia-X a défini trois niveaux de label auxquels les acteurs de l'écosystème pourront se conformer. Le premier renvoie à la déclaration de ce que fournit le service cloud. Le deuxième ajoute l'obligation de proposer une option selon laquelle les données sont opérées et exécutées en Europe. Enfin, le troisième niveau part du principe que le service cloud utilisé et isolé des réglementations extraterritoriales de type Cloud Act aux Etats-Unis. "C'est l'équivalent du label français SecNumCloud de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information", synthétise Anne-Sophie Taillandier.

Des projets concrets dès septembre 2024

"L'objectif est aussi de fournir des critères de confiance pour les usagers du cloud", explique Anne-Sophie Taillandier. "Le cadre que nous proposons permettra aux projets lancés par le biais du data space lab de structurer leurs niveaux de confiance." Et la data & AI teraLab platform director de l'IMT d'insister : "Si on cherche à favoriser la circulation des données, on a forcément besoin d'objectiver un niveau de confiance des services cloud."

Pour l'heure, 30 hubs de données ont déjà été validés par Gaia-X. C'est le cas par exemple d'Agdatahub dans l'agriculture, d'Eona-X dans la mobilité et le tourisme, de Prometheus-X dans l'éducation et les compétences. Mais aussi de Digital TER X dans la construction et l'infrastructure ou encore de TEMS dans les industries culturelles et créatives. "Le data space lab pourra être utilisé par de nombreuses autres filières pour créer de nouveaux hubs de données inter-domaines", enchaîne Anne-Sophie Taillandier, avant de confier : "D'ici quelques semaines, il accueillera ses premiers espaces de données pilotes. Quant à leur lancement opérationnel, il devrait avoir lieu en septembre 2024."

Autour du data space lab, une gouvernance a été définie pour accompagner les projets. Un comité de pilotage a été mis en place, dans lequel le Cigref est évidemment présent. Un comité industriel est aussi mis sur pied dans lequel plusieurs acteurs français seront présents, notamment issus du conseil d'administration de Gaia-X (dont Airbus, BNP Paribas, EDF, Orange ou OVHCloud). L'ensemble du dispositif est orchestré par les équipes de l'IMT avec le soutien de la direction générale des entreprises (DGE).