Cyril Grira (Oracle) "Oracle est capable d'entrainer des modèles pouvant compter des centaines de milliards de paramètres"
Le vice-président France cloud & AI revient sur le positionnement du groupe en France sur le cloud d'infrastructure. Il détaille la stratégie produit de l'entreprise dans ce domaine.
JDN. Oracle a longtemps été perçu comme une offre de niche sur le terrain du cloud face à celles des hyperscalers. Quelle est aujourd'hui votre valeur différenciante comparé à ces fournisseurs dans ce domaine ?

Cyril Grira. Oracle se démarque globalement par la complétude de son offre, depuis les bases de données jusqu'à l'infrastructure cloud en passant par les applications. Qu'est-ce qui nous différencie dans le cloud en particulier ? Plusieurs choses. Nous sommes d'abord le seul à proposer une base de données multimodale, à la fois disponible on-premise et en mode cloud. Une base de données qui peut être opérée de manière totalement autonome. Dans sa dernière version 23ai, celle-ci est vectorisable en vue de répondre aux besoins de l'IA générative. Elle peut donc désormais répondre à la fois à des besoins d'analytics et de BI traditionnel, et dans le même temps mettre en œuvre des grands modèles de langue.
Deuxième point, notre offre de cloud s'adapte au contexte du client quelle que soit sa configuration. Cette offre est disponible aussi bien sous la forme d'un cloud public qu'en mode cloud dédié. Elle est aussi disponible sous forme d'appliances déployables sur site. L'objectif est de proposer des solutions adaptées à chaque problématique client, y compris sur des marchés très régulés. Ici aussi, Oracle se démarque.
Est-ce que vous pourriez proposer un cloud de confiance comme le font Google avec S3NS, Microsoft avec Bleu et AWS avec Atos ?
C'est une très bonne question. Nous avons été les premiers à lancer en 2023 une offre de cloud souverain en Europe (qui garantit que les données des clients restent hébergées sur le Vieux continent, ndlr). Nous continuons à investir sur le sujet. La capacité à déployer des clouds dédiés s'inscrit dans cette logique. L'idée étant de fournir à nos client une infrastructure en propre. Pour la suite, est-ce que Thalès est un partenaire qui travaille avec nous (sur la question du cloud souverain, ndlr) ? C'est le cas, et de plus en plus. Mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. Nous en reparlerons d'ici quelques mois.
Quid de votre positionnement dans l'IA générative et des premiers cas d'usage de vos clients dans ce domaine ?
D'abord, l'IA générative est disponible via nos applications, en particulier au sein de nos offres d'ERP, de HCM... par exemple pour résumer ou créer du contenu, notamment. Côté cloud d'infrastructure, nos clients sont en phase de test intensif en matière d'IA générative. Ils n'ont pas encore enclenché de déploiement à grande échelle.
"OpenAI a opté pour notre infrastructure pour inférer ses modèles"
C'est un terrain où les cas d'usage sont très nombreux. Dans le retail par exemple, l'IA générative permet d'améliorer la présentation des produits dans les marketplaces. Quand une place de marché compte plusieurs millions de références, la démarche fait sens. Ce n'est là qu'un exemple parmi beaucoup autres.
Quels sont les services cloud que vous proposez dans ce domaine ?
D'abord, nous intégrons la plupart des large language models (LLM, ndlr) du marché. Ensuite nous nous concentrons sur deux axes stratégiques. D'abord nous proposons une base de données capable de supporter les cas d'usage de l'IA générative. Ensuite nous commercialisons un cloud avec des GPU adaptés à la fois pour entraîner et pour inférer des LLM. Sur ce point, Oracle Cloud est capable d'entrainer des modèles pouvant compter des centaines de milliards de paramètres.
Globalement, nous comptons un grand nombre de références dans l'IA et le traitement de données. OpenAI a opté pour notre infrastructure pour inférer ses modèles. Microsoft l'utilise pour supporter une partie de son moteur de recherche Bing. Uber s'appuie sur notre cloud pour opérer 14 millions de prévisions par seconde et simuler plus d'un million de trajets par heure. Là encore, ce n'est que quelques exemples parmi d'autres.
Cyril Grira est vice-président France cloud & AI d'Oracle. Précédemment, il a travaillé près de 17 ans chez Google. Il a été recruté par l'hyperscaler en 2008 comme manager des ventes de Google Cloud. Il gravit les échelons. En 2017, il est promu directeur des ventes notamment centré sur les services d'IA.