Les Limites des Questionnaires de Souscription en Assurance Cyber

Les questionnaires d'assurance cyber sont inefficaces. Standardiser et améliorer la collaboration entre RSSI et assureurs sont une nécessité pour des solutions adaptées aux besoins des assurés.

L'assurance cyber est devenue un des piliers pour la résilience des entreprises face à une menace cyber croissante et de plus en plus sophistiquée. Le Baromètre 2024 de la Relation RSSI & Cyber Assureur, réalisé par CESIN et Citalid, met en lumière les dynamiques et les défis actuels de ce marché en quête de maturité. Un des aspects les plus critiqués de cette relation est le processus de souscription, et plus particulièrement les questionnaires de souscription. Ces outils, bien qu'importants, montrent des limites significatives qui nuisent à une évaluation précise des risques et à une adéquation des produits d'assurance avec les besoins spécifiques des entreprises. 

Des Questionnaires Trop Longs et Inadaptés 

Le Baromètre 2024 révèle que les questionnaires de souscription sont souvent perçus comme trop longs et inadaptés. Les RSSI (Responsables de la Sécurité des Systèmes d'Information) signalent que ces questionnaires peuvent comprendre jusqu'à plus de 300 questions pour les grandes entreprises, mobilisant des ressources internes considérables pendant plusieurs jours. Cette volumétrie excessive est non seulement chronophage mais aussi souvent redondante, avec des questions binaires qui ne permettent pas de refléter les nuances et les spécificités des environnements de sécurité des entreprises. 

Une Évaluation Go / No Go Déconnectée des Réalités 

Un autre point de mécontentement exprimé par les RSSI est l'utilisation de ces questionnaires pour des décisions de souscription souvent dichotomiques : go / no go. Les assureurs se basent sur les réponses fournies pour déterminer l'assurabilité d'une entreprise sans offrir de solutions ou de recommandations spécifiques adaptées aux besoins identifiés. Cette approche standardisée et inflexible ne répond pas aux attentes des assurés qui cherchent des produits d'assurance personnalisés et adaptés à leurs risques particuliers. L’utilisation des réponses aux questionnaires pourrait pourtant aiguiller les assureurs sur le profil de risque des assurés et ses besoins en assurance, donc adapter les termes contractuels avec la réalité du risque.  

Un Décalage Entre les Attentes et les Offres 

Le baromètre met également en évidence un écart significatif entre les attentes des entreprises et les offres proposées par les assureurs. 60% des RSSI interrogés estiment que les indemnisations reçues ne correspondent pas aux attentes de leur entreprise. Ce décalage résulte en grande partie de l'absence de compréhension mutuelle des risques et de la nature des garanties offertes. Les RSSI attendent des assureurs une meilleure prise en compte de leurs besoins spécifiques et une plus grande flexibilité dans la formulation des polices d'assurance. Certaines polices sont vidées de leur substance en ce qu’elles ne sont pas adaptées à la réalité du risque des assurés du fait des sous-limites de garanties, des exclusions, des conditions de déclanchement de la police, etc. Certaines entreprises se retrouvent ainsi avec des sous-limites de garanties en surcapacité et d’autres en sous-capacité, générant de fait des garanties en décalage avec les besoin de l’assuré.  

Vers une Standardisation et une Harmonisation des Processus 

Pour remédier à ces problèmes, il est essentiel de standardiser et d'harmoniser les processus de souscription. Une réduction du nombre de questions, couplée à une plus grande pertinence et spécificité des informations demandées, permettrait de mieux évaluer les risques réels des entreprises. Les assureurs doivent évoluer vers une approche plus qualitative, où les réponses fournies sont analysées de manière plus approfondie pour offrir un accompagnement adapté aux besoins des assurés en matière de garantie et de prévention des risques.  

Un Appel à une Collaboration Plus Étroite

Il est également crucial d'encourager une collaboration plus étroite entre les RSSI et les assureurs. Les RSSI, en tant qu'experts des risques cyber, doivent être impliqués dès la phase de conception des produits d'assurance pour s'assurer que ceux-ci répondent réellement aux besoins des entreprises. Une communication continue et transparente est essentielle pour construire une relation de confiance et améliorer la satisfaction des assurés. La direction des risques et des assurances ne doivent pas rester en reste en tant qu’acteurs historiques de la relation avec les assureurs. Le couple formé par les risk managers et les RSSI sont une source de performance grâce à la mutualisation des efforts et des expertises.  

L'Importance d'un Langage Commun 

Enfin, le développement d'un langage commun entre assureurs et assurés est indispensable. Les entreprises doivent pouvoir exprimer clairement leurs besoins et attentes, tandis que les assureurs doivent s'efforcer de comprendre et de répondre à ces exigences de manière précise et transparente. Cette compréhension mutuelle facilitera l'adaptation des produits d'assurance et réduira les tensions liées aux processus de souscription et d'indemnisation. 

Conclusion 

Le Baromètre 2024 de la Relation RSSI & Cyber Assureur met en lumière des défis importants mais surmontables. Les questionnaires de souscription, dans leur forme actuelle, sont un obstacle majeur à une évaluation précise et à une offre adaptée des risques cyber. En réduisant leur longueur, en augmentant leur pertinence, et en adoptant une approche plus collaborative et qualitative, les assureurs peuvent mieux répondre aux attentes des RSSI et des entreprises. Il est temps de transformer ces outils en véritables leviers de compréhension et de personnalisation, afin de construire un marché de l'assurance cyber plus mature et résilient.