Open source : le mentorat pour faire une place aux contributions occasionnelles

La gouvernance des projets de développement doit prendre en compte les contributions occasionnelles. Une démarche de mentorat permet de prendre de la distance avec la simple résolution de problèmes.

Parce que les projets de développement ont besoin d’utilisateurs et qu’il n’est ni possible ni souhaitable que chaque contributeur/contributrice devienne une star du développement logiciel, il est essentiel de se poser la question de la place faite aux contributions occasionnelles.

Pour qu’une communauté de développement vive et prospère, il est donc impératif de se poser les questions suivantes : 

  • "Comment faire pour que davantage de personnes contribuent de manière périodique ou sporadique ? "
  • "Comment faire en sorte que quelqu’un puisse venir, résoudre un petit problème, développer une fonctionnalité, puis passer à d’autres tâches ? "

Cela revient donc aussi à se demander comment faire grandir les membres de la communauté, et pas seulement au sein d’une entreprise.

Il existe différents niveaux de contribution et certaines personnes qui ne désirent pas contribuer à plein temps, souhaitent cependant développer ou enrichir une fonctionnalité car elles comptent parmi ses utilisateurs/utilisatrices. Elles doivent pouvoir bénéficier d’un soutien dans leur parcours spécifique… De la même manière qu’il faut être en mesure de soutenir les personnes qui veulent le faire à temps plein.

C’est d’autant plus vrai que les compétences requises pour un grand projet logiciel sont très diverses… Elles ne se limitent pas à savoir coder et utiliser la solution.

Pour les projets de grande envergure avec des milliers d’utilisateurs et presque autant de cas d’utilisation, il ne s’agit pas seulement de contribuer au cœur de la technologie, mais aussi de s’assurer que toutes les fonctionnalités qui doivent être développées pour une utilisation spécifique du logiciel libre sont également prises en compte dans le projet. 

Ceux et celles qui contribuent régulièrement reçoivent naturellement une certaine reconnaissance pour les efforts, le temps et l’énergie qu’ils ont investis dans le projet, mais cela ne signifie pas que les contributions plus occasionnelles, qui se manifestent sporadiquement en fonction des besoins, doivent être négligées. 

Au contraire, elles doivent être accueillies, un espace doit être créé pour elles, les personnes qui les effectuent doivent être écoutées, leurs besoins compris, leurs problèmes adressés et, si nécessaire, elles doivent être soutenues dans le développement des fonctionnalités qu’elles souhaitent mettre en œuvre.

Évidemment, les communautés ne peuvent pas concentrer tous leurs efforts sur des projets qui ne seront utiles qu’à un très petit nombre de personnes, lesquelles s’effaceront par ailleurs une fois leur projet finalisé.

Pour ces cas de figure, les cadres et les processus sont là pour aider, pourtant la place à accorder à ces contributions ponctuelles représente un véritable sujet de réflexion. Leurs porteurs et porteuses doivent se sentir les bienvenu(e)s, être écouté(e)s et comprendre que la communauté fonctionne selon ses propres priorités.

Considérer le mentorat comme un élément vital du projet

La gouvernance des contributions et le mentorat sont la colonne vertébrale d’un projet de développement logiciel à grande échelle, sans eux, de telles plateformes perdraient toute leur magie et péricliteraient.

● Rien ne garantit que la petite fonctionnalité développée dans un projet à l’autre bout du monde ne finira pas par être utile à un grand nombre d’utilisateurs.

● Rien ne garantit que le contributeur ad hoc n’assumera pas ultérieurement un rôle central dans le projet.

À cet égard, le rôle du mentorat est essentiel : il contribue à encourager et à attirer de nouveaux membres au sein de la communauté. Sans cette attention, le maintien de projets open source à grande échelle deviendrait une tâche ardue qu’une poignée de contributeurs existants ne pourrait jamais accomplir, sans compter que la capacité d’innovation s’estomperait, étape qui précède inévitablement la fin d’un projet, aussi important soit-il.

Une approche moins ouverte aux contributions ponctuelles peut également avoir un impact sur la visibilité du projet : un nombre réduit de contributeurs signifie une communication plus élitiste et confidentielle, ce qui limite la portée du projet.

Sans mentorat, sans la volonté d’inspirer les contributeurs et contributrices en herbe, de s’engager dans des événements communautaires, de répondre aux questions des plus juniors sur les canaux appropriés, il ne sera pas possible de développer de nouvelles compétences et de pérenniser les contributions.

Les projets de mentorat qui visent principalement le développement de fonctionnalités majeures, ne correspondent pas nécessairement à ce besoin. Il faut donc étendre aux contributeurs et contributrices ad hoc les programmes développés pour soutenir les modèles de contribution réguliers.

Le talent d’une communauté consiste à développer et à maintenir le « cœur » du système, tout en prêtant attention et en apportant l’aide nécessaire aux besoins spécifiques des utilisateurs, et en les soutenant dans le développement de fonctionnalités qui enrichissent le projet au-delà des fonctionnalités de base.

La gouvernance des projets de développement doit prendre en compte celles et ceux dont les efforts sont les plus soutenus, sans oublier ceux qui, par l’usage qu’ils font du projet, y contribuent aussi à leur manière.

Faire partie d’une communauté de développement, ce n’est pas seulement écrire du code. Il s’agit donc également d’ouvrir suffisamment le processus de développement et d’enrichissement du système à des personnes moins habiles ou moins expérimentées.

Même s’il est difficile de consacrer du temps à cet aspect — car la tentation étant grande de concentrer les efforts sur la résolution de problèmes — le mentorat est la clé d’un projet open source réussi, durable et inclusif.