Le low-code n'est pas mort, il alimente la prochaine ère de l'intelligence artificielle

Loin de signer son arrêt de mort, l'IA générative redéfinit le rôle du low-code dans la création d'applications intelligentes et autonomes.

Depuis quelque temps, une impression étrange circule dans l’écosystème tech : celle d’un retour en grâce du développement traditionnel, porté par la montée fulgurante de l’IA générative. Dans ce contexte, certains remettent en question la pertinence des plateformes low-code, jugées trop simplistes pour rivaliser avec la puissance d’un LLM bien entraîné.

Et pourtant, la réalité du terrain est toute autre. Les entreprises investissent dans ces plateformes plus que jamais. Les développeurs ne les délaissent pas, ils les adoptent pour aller plus vite, réduire la dette technique, et se concentrer sur l’essentiel. Loin de remplacer l’expertise humaine, le low-code cherche à l’amplifier dans un nouvel environnement fondé sur l’intelligence agentique, où les applications deviennent autonomes, adaptatives et orchestrées. Dans ce futur-là, le low-code ne disparaît pas : il devient le socle.

Cette divergence de perspectives repose probablement sur quelques idées reçues qu’il est temps de déconstruire.

Idée reçue n°1 : "L’IA générative rend les plateformes low-code inutiles"

L’idée qu’un simple prompt puisse remplacer le travail d’un développeur est une simplification excessive. Oui, les modèles de langage peuvent générer du code, parfois propre, souvent prometteur. Mais écrire du code ne revient pas à créer une application.

Une application, ce n’est pas juste un fichier. C’est un modèle de données structuré, une architecture sécurisée, une logique métier maintenable, une interface fluide, des tests automatisés, une intégration CI/CD, une gestion des rôles utilisateurs, une interopérabilité avec les systèmes d’entreprise... Bref, un tout complexe et interconnecté, qui nécessite à la fois méthode et orchestration. Et ça, l’IA générative ne sait pas encore le faire seule.

C’est précisément là que le low-code entre en jeu, non pour concurrencer l’IA, mais pour en structurer l’usage, l’industrialiser, et en faire une brique fiable du processus de livraison logiciel.

Les plateformes low-code permettent déjà ce changement : elles aident l’IA à dépasser la simple génération de code pour produire des applications logiques, testables, déployables, intégrables dans les environnements IT existants. On ne parle plus d’automatisation ponctuelle, mais de co-construction entre les métiers, les développeurs et les outils. En d’autres termes, on passe d’une génération artisanale à une production structurée, gouvernée et scalable.

Idée reçue n°2 : "Le low-code, c’est juste une version simplifiée du no-code"

Cette confusion persiste encore, et elle nuit à la compréhension du rôle réel des plateformes low-code modernes. Contrairement aux outils no-code grand public, le low-code s’adresse à des professionnels, techniques ou hybrides. Il est pensé pour les développeurs, les architectes, les responsables sécurité ou les équipes DevOps, des experts qui ont besoin d’outils puissants, de frameworks robustes et d’un contrôle total sur le cycle de vie applicatif.

Aujourd’hui, le low-code sert à construire des systèmes critiques : portails clients à fort trafic, outils opérationnels internes, plateformes d’intégration complexes. On est bien loin des projets annexes développés en silo.

Les grandes entreprises ne choisissent pas le low-code par facilité, mais comme accélérateur stratégique : pour aller plus vite, limiter la dette technique et répondre aux enjeux métiers sans renoncer à la qualité ou à la conformité. Les plateformes low-code modernes sont devenues un socle de gouvernance, capable d’unifier les pratiques de développement, d’orchestrer les flux et d’optimiser les investissements. Ce n’est ni un raccourci, ni un gadget, c’est une infrastructure.

Idée reçue n°3 : "L’IA générative va faire disparaître les développeurs"

La réalité est bien plus prometteuse. L’IA générative ne supprime pas l’expertise, elle la redéfinit. Elle fait évoluer la valeur du développement : de l’écriture de code vers l’orchestration intelligente d’agents, de services et de composants interconnectés.

Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle ère logicielle : une ère où les applications ne sont plus des systèmes rigides, mais des organismes vivants, adaptatifs, autonomes, capables de réagir au contexte métier.

C’est ce que l’on appelle l’intelligence agentique : des applications constituées d’agents spécialisés qui coopèrent pour exécuter des tâches complexes, interagir avec leur environnement, et collaborer avec d’autres systèmes. Ce type d’architecture ne peut pas reposer sur une collection désordonnée de code généré. Il a besoin d’une infrastructure robuste, interopérable et gouvernée. Un cadre structuré qui permet aux développeurs de concevoir, orchestrer et faire évoluer des systèmes intelligents de manière fiable et pérenne.

Le métier de développeur évolue : on ne code plus ligne à ligne, on assemble, on conçoit, on pilote. C’est une montée en gamme, pas une perte de valeur.

Alimenter l’avenir : le low-code et l’IA, partenaires de la croissance

Alors oui, le no-code des débuts, sans gouvernance IT, a montré ses limites. Mais le low-code actuel est tout sauf un successeur édulcoré. Il est plus exigeant, plus mûr, plus stratégique que jamais. Il s’impose comme l’infrastructure idéale pour répondre aux défis de l’IA, non pas pour s’en protéger, mais pour en exploiter tout le potentiel. Car aussi spectaculaire que soit l’IA générative, elle ne remplace ni la structure, ni la rigueur, ni l’architecture. Elle en dépend. En ce sens, l’IA ne rend pas le low-code obsolète. Elle le rend indispensable. Le développement logiciel devient un dialogue entre l’humain, l’IA et les plateformes qui les relient. Et dans ce dialogue, le low-code n’est pas une alternative, c’est le langage commun.