Future of Work : le freelancing, le statut stable et privilégié de l'emploi de demain ?

Le marché du travail se réinvente et le freelancing en constante augmentation

Crise sanitaire, télétravail et boom des travailleurs indépendants : le monde de demain sera freelance ou ne sera pas. Alors qu’en France le nombre de freelances est en constante augmentation, le gouvernement pose actuellement les fondations législatives d’un statut aux contours encore flous mais qui s’impose pourtant comme une tendance forte sur la scène du marché du travail, notamment pour les métiers du digital et de l’IT.

Entrée en vigueur le 14 février 2022, la Loi en faveur de l’activité professionnelle indépendante met en place 20 nouvelles mesures de soutien destinées aux travailleurs indépendants. Celle-ci pose le périmètre d’un cadre plus protecteur juridiquement et socialement pour les quelques 3 millions de travailleurs indépendants en France, incluant dans le lot quelques 900 000 freelances, ces indépendants qui ne sont pas des professions libérales et qui travaillent en solo. Fruit d’un long chemin, il aura fallu attendre l’impact de la crise sanitaire sur l’économie et les modes de travail pour une prise en compte réelle de ce mode d’exercice par les politiques publiques.

Un marché du travail qui se réinvente et un freelancing qui trouve ses marques

Durant la crise sanitaire, l’Urssaf constatait une hausse de +10,4% de travailleurs indépendants sur un an, entre avril 2019 et mars 2020. Le coronavirus et la généralisation temporaire du travail à distance pour nombre de professions ont en effet catalysé une tendance de fond là où parallèlement le traditionnel CDI s’est retrouvé chahuté par les circonstances. Attention cependant à ne pas enterrer trop vite et inutilement le classique contrat longue durée : quelques 6 121 000 contrats de travail ont été signés dans le secteur privé au 3ème trimestre de 2021 en France, c’est-à-dire autant qu’avant la crise du covid-19. Cependant les perspectives du monde du travail de demain ne sont plus les mêmes. En témoigne d’ailleurs le boom récent des plateformes de freelance, notamment dans le secteur des services numériques, qui permettent aux entreprises de trouver en quelques clics et en toute transparence les prestataires disposant des compétences les plus adaptées à leurs besoins.

Mais des zones d’ombres et des chantiers encore à mener

Si le freelance devient ce nouveau collaborateur indispensable en entreprise, fort d’une place revalorisée sur le marché de l’emploi, on aurait tort de croire qu’il ne sème plus la controverse quant à la stabilité de sa position, comme le montre la récente condamnation de Deliveroo pour salariat déguisé. Des indices clairs permettent désormais de répondre à cette problématique, puisque la Commission Européenne a présenté un projet de directive 2021/0414 (COD) le 9 décembre 2021 visant à préciser les conditions de travail des travailleurs indépendants : dès lors qu’il fixe sa rémunération, qu’il organise son travail lui-même et qu’il choisit les moyens d’exécuter sa mission,  le travailleur ne peut être requalifié en salarié. Le recours aux plateformes numériques est donc épargné.

Le problème est qu’il y a plusieurs types d’indépendants et que l’écart type de revenus est énorme selon les fonctions et les secteurs. Si les consultants freelances dans le domaine de la Tech et du Digital sont très bien lotis, près de 20 % des travailleurs indépendants français vivaient, avant la pandémie, sous le seuil de pauvreté selon un rapport de l’Insee parue en janvier 2022. Précarité, revenus plus aléatoires et délit de marchandage, le parcours peut être semé d’embûches pour le freelance et les récentes évolutions de la législation en matière d’emploi sont un pas certain pour institutionnaliser cette nouvelle forme de travail.