Digitalisation des usines : Fabriq lève 22 millions d'euros pour se développer dans l'IA

Digitalisation des usines : Fabriq lève 22 millions d'euros pour se développer dans l'IA La start-up française compte assoir sa présence en France tout en se développant à travers l'Europe ainsi qu'aux Etats-Unis.

Fondée en 2019, la start-up parisienne Fabriq boucle sa deuxième levée de fonds. A hauteur de 22 millions d'euros, elle est menée par l'anglais Expedition Capital avec une participation minoritaire de son investisseur historique OSS Ventures. Elle fait suite à un tour de table de 4 millions d'euros bouclé en 2022. Rentable fin 2024 avec un chiffre d'affaires de plus de 10 millions d'euros, Fabriq perdra de l'argent en 2025 mais vise un retour à l'équilibre d'ici 2027-2028.

L'ambition de Fabriq ? Dématérialiser le lean management ou l'excellence opérationnelle dans les usines. Via son application, les cadres dirigeants et chefs d'équipe travaillent main dans la main pour résoudre les problèmes qui impactent la productivité : sécurité, qualité, coûts, délais... Concrètement, Fabriq numérise l'ensemble des échanges d'informations partagées par les acteurs intervenants autour des lignes de production. En amont, la solution comprend un environnement de ticketing pour gérer les process d'escalade en vue de la gestion de problèmes. Elle intègre les méthodologies de résolution propres à l'industrie, comme 5Pourquoi, 8D, 4D ou ichikawa.

Une tour de contrôle numérique

En aval, une tour de contrôle numérique combine la gestion des plans d'action à des indicateurs de performance et de productivité. Se présentant sous la forme d'une console de management visuel, elle permet également de piloter les réunions quotidiennes des équipes. Par le biais de connecteurs, elle est dessinée pour fédérer les données en provenance des multiples applications de l'usine (business intelligence, ERP, GMAO, MES). A destination des superviseurs de ligne, Fabriq met aussi à disposition un outil de gestion des tours de terrain pour référencer les problèmes rencontrés : écart, non-conformité...

"Dans 80% des sites industriels, le lean management n'est pas encore dématérialisée"

"Notre produit a pour vocation d'équiper à terme la totalité des usines et ainsi de devenir le standard du lean management dans l'industrie", ambitionne François Déchelette, cofondateur de Fabriq. "Dans 80% des sites industriels, il s'agit d'une méthodologie qui n'est pas encore dématérialisée. Elle est mise en place par le biais de tableaux blancs physiques ou de fichiers Excel." Face à ce défi, Fabriq équipe désormais plus de 600 sites industriels dans 43 pays. "Nous apportons de l'efficience, de la transparence ainsi qu'une gestion en temps réel", ajoute François Déchelette.

Jusqu'ici, Fabriq misait principalement sur le marché francophone. Il compte parmi ses clients des industriels de nombreux secteurs tels que l'aéronautique (avec Safran, Airbus), l'agroalimentaire (Andros, Bel), l'automobile (Renault, Scania), le luxe (LVMH), l'industrie pharmaceutique (Merck, Lonza). "Nous avons signé avec des groupes qui ont de nombreux sites à l'étranger, ce qui nous permet de bénéficier d'un ADN d'emblée international", commente François Déchelette.

Fort de sa nouvelle levée de fonds, Fabriq entend accélérer sur plusieurs marché clés à l'étranger : les Etats-Unis, l'Europe du Nord et le Royaume-Uni, ainsi que l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. L'acteur entend atteindre 50 millions de revenu annuel récurrent d'ici 2029. Une stratégie qui passe par l'embauche de nouveaux commerciaux, mais aussi la mise sur pied d'équipes marketing dédiées et d'équipes d'accompagnement.

Un marché de à 5 milliards d'euros

Le marché adressé par Fabriq est estimé à 5 milliards d'euros, avec à la clé 8 000 sites à équiper en France, 35 000 sites dans les autres pays d'Europe adressés, et 42 000 sites aux Etats-Unis.

"En parallèle de l'effort commercial, nous souhaitons étendre notre offre à d'autres cas d'usage liés aux ateliers. Jusqu'ici notre cible allait des directeurs d'usine et de division jusqu'aux chefs d'équipe. Nous avons désormais pour ambition d'aller plus loin en ciblant aussi les opérateurs", confie François Déchelette. "En parallèle, nous souhaitons également intégrer de plus en plus d'IA pour gagner en efficience." Un chantier que Fabriq a déjà enclenché via la détection de tickets similaires visant à identifier des solutions liées à des problèmes déjà résolus par le passé. Dans le futur, Fabriq compte également recourir à l'IA générative pour améliorer la génération de contenu pertinent à destination des agents de production.

De 60 collaborateurs en début d'année, la société entend passer à 100 d'ici fin 2025, puis 200 d'ici trois à quatre ans. A terme, elle entend réaliser la majeure partie de son chiffre d'affaires hors de France. Parmi ses principaux concurrents, Fabriq identifie notamment l'américain RedZone qui commercialise un manufacturing execution system taillé pour mesurer la productivité des machines sur les lignes de production. Une plateforme à laquelle a été greffé un outil pour digitaliser le lean management. "Cet acteur réalise 100 millions de dollars de chiffre d'affaires. Il reste donc encore largement de la place pour nous sur le marché", conclut François Déchelette.