Alexander von Schirmeister (eBay France) "Nous nous attendons à une pression accrue sur les prix"

Pour la rentrée, le JDN interviewe chaque jour un dirigeant de l'e-business qui livre ses prévisions de marché et ses objectifs pour le second semestre. Aujourd'hui, Alexander von Schirmeister, DG d'eBay France.

JDN. Le chiffre d'affaires d'eBay a baissé pour la première fois en 2008, en particulier sur l'activité enchères. Comment avez-vous traversé le premier semestre 2009 ?

 

Alexander von Schirmeister. Il s'est plutôt bien passé en dépit de la crise. Au niveau mondial, notre situation s'est stabilisée par rapport à 2008. Quant au marché français, il ne connaît pas la même décroissance qu'ailleurs et l'e-commerce progresse toujours. Sur eBay, le nombre de transactions est en hausse. Plus précisément, les tendances que nous avons observées au premier semestre relèvent de la recherche de pouvoir d'achat. De plus en plus, les consommateurs vendent pour réutiliser immédiatement le produit de leurs ventes en achats. De la même façon, ils achètent en pensant déjà au moment où ils revendront le produit acquis, à l'image de ce qui est souvent pratiqué pour les téléphones portables. Ces comportements, s'ils ne sont pas complètement nouveaux, se sont indéniablement développés au premier semestre.

Par ailleurs, le statut d'auto-entrepreneur est entré en application au début de l'année, ce qui s'est traduit par un nombre accru de professionnels venant vendre sur notre site. Ceci alimente le rattrapage des ventes à prix fixes par rapport aux enchères, même si nous n'abandonnerons jamais ces dernières.

Qu'attendez-vous du deuxième semestre ?

Cet été, nous avons annoncé plusieurs changements majeurs, qui devraient modifier profondément l'écosystème de nos utilisateurs. Après l'avoir testé de nombreuses années sur la voiture et depuis 2008 sur l'immobilier et les meubles, nous avons lancé un service de petites annonces gratuites, sans frais d'introduction ni commission. Aujourd'hui, le vendeur peut vendre de trois façons : enchères, prix fixes ou petites annonces. Nous voulons faire d'eBay un portail où l'on trouve tous les produits mais également toutes les façons d'acheter.

Nous avons aussi modifié et relancé les boutiques pour les professionnels. Sur trois types de boutiques, il y en a deux auxquelles les vendeurs particuliers n'ont plus accès. Nous avons baissé les frais d'insertion afin de convaincre les professionnels qui auraient peur d'avoir de trop nombreux invendus d'augmenter leur présence sur le site. En outre, à partir de cette semaine, tout l'inventaire des boutiques est indexé dans les recherches sur eBay, de façon à développer l'exposition des vendeurs professionnels. Enfin, nous avons supprimé les frais d'insertion pour la première tranche de prix, c'est-à-dire les produits vendus moins d'un euro.

En termes de chiffres d'affaires, nous allons profiter de ces mesures. Il existe toujours une inconnue sur la reprise, mais nous attendons un vrai boost de ces changements.

Comment selon vous va évoluer l'e-commerce français sur les prochains mois ?

Il va continuer à croître, d'autant que la livraison à domicile constitue un vrai avantage en période de crise. J'ai également remarqué que les vendeurs traditionnels vont beaucoup plus agressivement vers le e-commerce. Nous nous attendons donc à une plus forte pression sur les prix. Les vendeurs professionnels, dont ceux qui vendent sur eBay, subissent une pression considérable sur leurs marges.

Reste à voir si la consolidation va se poursuivre, après la reprise des trois sites de France Telecom e-commerce par Rue du Commerce au premier semestre. Par rapport à l'Allemagne ou à la Grande-Bretagne, où le e-commerce est concentré sur quatre à six grands acteurs, la France est moins mature. Mais étant donné la pression sur les marges, l'e-commerce français pourrait connaître une période de concentration pendant les deux prochaines années.

 Demain : Pierre Calmar et Philippe Seignol (Netbooster)