Mounir Mahjoubi (secrétaire d'Etat au Numérique) "La France a tout pour devenir un leader mondial de la foodtech"

A l'occasion de son passage au salon Food use Tech de Dijon, le secrétaire d'Etat au Numérique a donné au JDN sa vision de la foodtech et du retail, ainsi que ce qu'il mettra en œuvre pour l'écosystème de la Frenchtech.

JDN. Où en est la foodtech française aujourd'hui ?

Mounir Mahjoubi est Secrétaire d'Etat au Numérique. © Benoit Granier / Matignon

Mounir Mahjoubi (secrétaire d'Etat au Numérique). Aujourd'hui, la Frenchtech est un écosystème performant et reconnu dans le monde. Nous sommes en train de devenir la première place d'investissement européenne pour les start-up. Quand on parle de nourriture à travers le monde, on parle de la France. Si on mélange cette image de champions de l'alimentation et de champions de la technologie, nous avons tout pour devenir un leader mondial de la foodtech. La concurrence est rude mais nous partons avec les meilleures conditions de départ. Toute la dynamique autour de l'innovation doit se concentrer autour de quatre secteurs : la production, la transformation, la distribution et la consommation. Pour aller plus loin, il faut plus de start-up et de l'engagement de la part des grands groupes agroalimentaires.

Au niveau de la distribution, qu'apporte la technologie dans l'alimentation ?

La foodtech permet plus de performance, plus de transparence et une meilleure maîtrise de la qualité dans les processus de fabrication. Voilà pourquoi le numérique doit aussi aider à fabriquer des produits plus stables et plus qualitatifs avec le moins de produits chimiques possibles. Si on en a utilisé beaucoup dans l'alimentation agro-industrielle ces dernières années, c'est notamment parce que les industriels n'avaient pas forcément une parfaite connaissance des processus de détérioration des produits. Aujourd'hui, de plus en plus de gens ne veulent plus de ce système. Avec le numérique, nous pourrons limiter ces ajouts, piloter la chaîne du froid de façon plus sensible et raccourcir la chaine entre la production et la consommation par exemple.

Quel est votre plan d'action pour favoriser l'innovation ?

Mon rôle dans ce gouvernement est de simplifier la vie à l'écosystème. Pour faciliter la vie des jeunes pousses, nous lançons une initiative nommée le tour des start-up. Je vais les rencontrer dans une quinzaine de villes en France. Dans deux semaines, nous ouvrirons une plateforme en ligne. Les start-upper pourront nous écrire directement. Mon objectif : entendre le maximum d'entrepreneurs. Qu'est-ce qui les empêche d'aller plus loin et plus vite ? Est-ce une loi ? Y'a-t-il un processus administratif qui leur semble trop obscur et qui bloque l'innovation ? L'idée, c'est que personne ne puisse dire : je n'ai pas pu développer mon projet parce que l'Etat ne voulait pas que je le fasse.

Pourquoi ce tour ? En tant que cofondateur de La Ruche qui dit oui, vous devez pourtant bien connaître les difficultés auxquels les chefs d'entreprises se heurtent ?

J'ai quelques idées quant aux irritants. Elles ont même nourri le programme présidentiel. Nous avons déjà effectué un grand processus de simplification. Mais ce n'est que mon expérience. Il faut aller plus loin. Notre but est de réunir les expériences de milliers de personnes qui voudront bien participer. Par exemple, un frein qui me tient particulièrement à cœur aujourd'hui : 20% des Français ne savent pas bien utiliser le numérique. Comment accompagner ces millions de personne vers le digital ? Nous devons faire simple et accessible. Tant qu'on sera entre nous, c'est-à-dire entre ceux qui savent se servir des nouvelles technologies, nous n'avancerons pas.