Pour combattre la crise, le commerce de proximité accélère sa digitalisation

Les commerces de bouche font face à la digitalisation qui se présente comme une réelle opportunité en cette période de crise et au-delà. En effet, e-commerce et commerce physique deviennent le "phygital", nouveau modèle gagnant à suivre.

L’actuelle pandémie, qui bouleverse nos habitudes de consommation, offre aux commerçants de proximité l’occasion d’une prise de conscience sans précédent. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’intérêt d’être visible sur internet : c’est désormais le pas indispensable à franchir pour sauvegarder leur activité. Ainsi, ce qui se présentait comme une menace devient une réelle opportunité.  En ces temps de confinement, comme dans le monde d’après, le e-commerce et le commerce physique ne s’opposent plus, et le fameux « phygital », synergie parfaite entre magasins réels et boutiques en ligne, s’impose comme le nouveau modèle gagnant.

Les Français redécouvrent le plaisir de consommer local

Depuis le début du confinement, fin mars dernier, les Français sont de plus en plus nombreux à revenir à des valeurs fondamentales : le savoir-faire, l’humain, la proximité et le service. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle, les recherches de commerces de proximité sur Internet ont littéralement explosé. Google d’ailleurs permet maintenant aux commerçants sur leurs fiches Google My Business d’indiquer si il propose un service de drive et de livraison aux internautes.  Les Français, cantonnés aux abords immédiats de leur domicile, s’orientent de plus en plus vers les artisans de bouche, les primeurs, les traiteurs, les boulangers et les bouchers de leur quartier. Les artisans dotés d’une boutique en ligne et de services de drive piéton et de livraison peuvent ainsi continuer à travailler et préserver des emplois (voir en créer de nouveaux pour certains) tout en satisfaisant les Français en quête d’authenticité et de qualité. Ces derniers redécouvrent de cette façon le plaisir de consommer local, en privilégiant les bons produits non transformés. Ils prennent conscience de l’importance de préserver ces commerces de proximité qui leur rendent si bien service. La vie prend un nouveau cours, et il n’est pas rare de voir des familles entières se mobiliser dans les cuisines pour réaliser leurs plats favoris, et surtout leurs propres gâteaux. L’actuelle pénurie de farine, d’œufs et de sucre en est la preuve flagrante. L’heure est au réconfort, un retour aux plaisirs simples de la vie comme les moments de partage autour d’un bon repas préparé avec amour. On est légitimement en droit de penser que ces habitudes de consommation vont s’ancrer durablement dans le quotidien des Français après la crise.

Réinventer et réenchanter le commerce de proximité

Dans un tel contexte, il est bien évident que les commerçants locaux doivent trouver des solutions pour s’adapter. La vente en ligne, en complément de celle en  boutique physique, leur permet d’être en phase avec les nouveaux modes de consommation, tout en conservant le lien avec leurs clients. Cela fait des siècles que le commerce de proximité fonctionne peu ou prou de la même manière, tandis que le comportement du consommateur, lui, a fortement évolué : il devenait urgent d’inventer autre chose. Les magasins convertis au e-commerce peuvent recevoir des commandes 24 heures à l’avance, ce qui leur permet de s’organiser plus facilement et de gérer plus aisément le flux de clients en boutique ainsi que leurs stocks. Ils ont désormais la possibilité de commander chez leurs fournisseurs des produits qui ont déjà été vendus en amont. Par ailleurs, ils accèdent à une clientèle plus jeune, plus connectée, pour l’essentiel de jeunes familles à la recherche de bons produits pour leurs enfants. Les personnes âgées ou à mobilité réduite sont également adeptes de ce nouveau service, indispensable à leur quotidien, les proches à distance peuvent commander et faire livrer la commande à leurs parents ou grands parents. Dernier avantage et non des moindres : les consommateurs qui font leurs courses depuis leur canapé, un phénomène qui s’est accru pendant le confinement, remplissent un panier moyen deux fois supérieur à celui qui résulterait d’un passage en boutique. Ils ont le temps de choisir et de se laisser tenter !

Ouvrir sa boutique en ligne en 48 heures

Les commerçants locaux, pour la grande majorité, ne sont pas familiers avec les problématiques liées à la visibilité sur internet et au marketing digital. Ils ont donc besoin d’être accompagnés et de recourir à des conseils d’experts dans ce domaine. Mais qu’ils se rassurent, la mise en place d’une boutique en ligne n’a rien de complexe et surtout,  ils ne sont pas seuls. Les prix des produits affichés en ligne sont les mêmes qu’en boutique physique et le coût d’une boutique en ligne est raisonnable pour peu qu’ils choisissent une solution fonctionnant avec un système d’abonnement plutôt qu'un système ubérisant fonctionnant via la rétrocession systématique d’une commission de 25 à 35% sur chaque vente. Aujourd’hui, tout le monde peut ouvrir sa boutique en ligne en 48 heures, assortie d’un service de livraison à domicile et d’un drive. Ces deux possibilités se révèlent précieuses dans une période de risque sanitaire où la distanciation sociale demeure impérative et le restera encore pendant plusieurs mois. Elles répondent également, en temps normal, aux problèmes de circulation, manque de places de stationnement... très handicapant pour les commerçants et cela participe à la baisse de la fréquentation des centres-villes. Quand on y réfléchit, c’est sans doute la meilleure façon de donner aux artisans les mêmes arment que la grande distribution, les pure players, les franchises... et créer ainsi, une alternative durable.

En deux clics, imaginer un monde nouveau

Le commerce en ligne, quel que soit le contexte, répond également à une véritable réalité sociale. Il est particulièrement bien adapté aux personnes âgées ou en situation de handicap qui rencontrent des difficultés à se déplacer chez leurs commerçants de proximité préférés. Quant aux actifs pressés plus besoin de faire la queue à la boulangerie ou chez le boucher en fin de journée pour récupérer de quoi préparer le dîner. Demain, les pharmaciens pourront à leur tour livrer les médicaments grâce aux ordonnances digitalisées, épargnant des trajets pénibles à des personnes souffrantes. Bien sûr, il ne s’agit pas de couper le lien physique, bien au contraire ! Il s’agit de réconcilier ces deux mondes que beaucoup pensent opposés. Les commerçants, plus connectés aux nouvelles envies des consommateurs et libérés d’une trop forte activité en boutique, en profiteront pour valoriser leur savoir-faire et entrer de plain-pied dans le monde de l’expérience et du service. Ils pourront organiser plus régulièrement des animations en boutique et proposer des colis thématiques, mais aussi de bons plateaux de fromage ou de charcuterie pour l’apéro propices au partage. Avec une telle technologie, on peut d’ores et déjà créer en ligne des centres-villes numériques et organiser des livraisons sous la forme de tournées. On peut imaginer l’installation, dans un futur proche, de casiers réfrigérés aux abords des gares et intégrés au mobilier urbain permettant aux consommateurs de récupérer leurs courses avant de rentrer chez eux. Demain, les fermes et les bateaux de pêche proposeront à leur tour leurs propres drives et services de livraison très facilement. Après la révolution industrielle, bienvenue dans une nouvelle ère sans conteste locale dans laquelle chacun pourra retrouver les valeurs essentielles et fondamentales du goût, de l’authentique, du partage et de l’humain. Plus besoin de chercher à l’autre bout du monde, ce qui se trouve au coin de sa rue.