Nouveau variant, approvisionnement, inflation : comment les commerçants indépendants relèvent le défi des fêtes

Alors que la période la plus animée de l'année approche à grands pas pour le secteur du retail, les commerçants indépendants sont tenus de se mettre en ordre de bataille pour éviter les perturbations des chaînes d'approvisionnement. Alors que celles-ci sont déjà sous tension et qu'un énième variant pointe à l'horizon, le risque de retards de livraison guette plus que jamais, au risque de décevoir les consommateurs.

Selon une enquête publiée récemment, 70% des détaillants envisagent de s’approvisionner plus tôt que d’habitude pour les fêtes de fin d’année 2021. C’est-à-dire que la quasi-totalité des commerçants auraient commencé à constituer leur stock dès la rentrée de septembre afin de s’assurer d’éviter toute mauvaise surprise lors du rush final. Cela suffira-t-il ?

Branle-bas de combat avant les fêtes de fin d’année

Le Covid-19 a mis à mal les chaînes d’approvisionnement mondiales, qui depuis bientôt deux ans rencontrent des perturbations sans précédent. L’immense réseau planétaire de porte-conteneurs, de ports, de sociétés de transport par camion, d’entrepôts et autres entreprises de transport aérien, chargé d’acheminer les marchandises dans le monde entier, est plus embouteillé que jamais. Pour la première fois depuis le début de la crise, certains produits risquent de se retrouver en pénurie. Des délais de livraison pouvant atteindre plusieurs semaines sont à prévoir. Ils devraient affecter les envois internationaux aussi bien que domestiques, et perturber les fêtes de fin d’année des commerçants comme des consommateurs.

En d’autres termes, les acteurs du retail, en particulier les commerçants indépendants à la trésorerie déjà sous tension depuis de nombreux mois, se doivent de préparer minutieusement la période des fêtes.

Des stratégies d’évitement insatisfaisantes face à des délais de livraison potentiellement interminables

Dans le même temps, les fêtes de fin d’année 2021 s’annoncent épiques. Selon les prévisions annuelles de Deloitte pour le secteur du retail, les ventes devraient connaître une hausse de l’ordre de 7% à 9%, — et ceci alors même que l’année 2020 avait déjà dépassé les attentes.

En conséquence, de nombreuses marques ont annoncé avoir stocké davantage de produits que d’habitude, afin d’éviter la rupture de stock. Cette stratégie leur permet également d’éviter les hausses prévues au niveau des frais de port et autres potentiels retards de livraison, et ainsi de limiter la répercussion sur le prix final. C’est un bon réflexe, au moment où l’inflation heurte le pouvoir d’achat des consommateurs.

Les commerçants indépendants ont démontré leur capacité à s'adapter aux besoins de leurs clients au long des vingt-quatre derniers mois, et ont révélé leur utilité tant économique que sociale. Toutefois, ajuster la planification de leurs stocks et savoir de quelle manière diversifier leur offre en fonction de la demande reste une gageure. Du côté des dirigeants de sociétés de commerce de détail, le constat est le même : les commerçants peuvent s’organiser au mieux. Mais commander plus tôt demeure une prise de risque que tout le monde ne peut pas assumer.

La tech au secours des commerçants indépendants ?

Alors que l’on parlait il y a quelques années de « Retailpocalypse », ce vaste mouvement de fermetures de magasins face à l’essor du e-commerce, c’est bien l’inverse qui pourrait se passer. D’une part, ce n’est pas la première fois que la fin des commerçants indépendants est annoncée. Les dernières décennies ont consisté pour eux à trouver comment concurrencer des grandes chaînes proposant plus de produits, moins chers. Ils y sont parvenus grâce à un service personnalisé, des expériences quasiment sur-mesure, et la capacité à créer un sentiment de découverte.

Par ailleurs, tout indique que le magasin redevient une pièce maîtresse de tout dispositif de commerce, hors ou en ligne. Ainsi, 6 commandes en ligne sur 10 devraient impliquer un magasin physique. Enfin, plusieurs acteurs innovants se positionnent pour servir les commerçants indépendants. Pour ceux qui n’ont pas d’activité sur la toile, c’est une aide providentielle face à l’émergence du e-commerce, dont l’irrésistible élan a connu une nouvelle impulsion grâce à la pandémie avec une croissance de 8,5% en 2020.

En effet, l'adoption par les petits détaillants de nouveaux outils technologiques — des solutions de paiement comme Square ou SumUp aux vitrines virtuelles via Shopify en passant par les marchés de gros en ligne — permet de simplifier leur activité. D’autant plus que ces plateformes peuvent proposer des avantages non négligeables leur donnant suffisamment d’agilité pour concurrencer les plus grands acteurs. Une réponse on ne peut plus pertinente, alors que les commerçants indépendants tablent sur cette période des fêtes pour se relancer après dix-huit mois sous tension