Hervé Bloch (LesBigBoss) "La version en ligne de la Summer Edition des BigBoss rassemblera des centaines de participants le 30 juin"

Le JDN poursuit sa série d'interviews de dirigeants face au coronavirus. Avec l'annulation d'une dizaine d'événements et le lancement de nouveaux produits online, le patron des BigBoss revient sur deux mois chargés, tout en évoquant l'avenir.

JDN. La crise du coronavirus a fortement affecté l'activité des spécialistes de l'événementiel. Qu'en est-il des BigBoss ?

Hervé Bloch est le fondateur de Digilinx. © NonStoprod

Hervé Bloch. L'annonce du confinement à partir du 16 mars nous a plongé dans deux mois de souffrance que nous espérions pouvoir atténuer avec la reprise de nos événements courant mai. Mais l'officialisation, début mai, de la fermeture des bars et des restaurants jusqu'à nouvel ordre, a douché nos derniers espoirs. Nous avons longtemps cru pouvoir maintenir l'un de nos deux événements phares, la Summer Edition, qui devait se tenir du 12 au 14 juin. Nous avions planché sur une version "made in France" pour permettre aux participants de se déplacer en train vers le Sud-Est. Ce ne sera bien sûr pas possible. Nous avons donc pris la décision de figer tous nos événements jusqu'au 10 juillet. Soit un total de 14 événements parmi lesquels nous avons tout de même pu en sauver 4 en les décalant au 2nd semestre. Cela n'a malheureusement pas été possible pour les autres, il y avait embouteillage. Toutes ces annulations se traduisent par une perte de 40% de notre chiffre d'affaires annuel. Car dans notre secteur, même si un contrat est signé, le chiffre d'affaires n'est pas reconnu tant que la prestation n'est pas réalisée. C'est d'autant plus problématique que le secteur de l'événementiel est celui qui souffre le plus de la crise. Il a été le premier impacté et sera le dernier à repartir, bien après le déconfinement, car organiser un événement est le fruit d'un long processus.

Vous  avez lancé de nouveaux dispositifs pour compenser l'arrêt des rencontres physiques…

La première initiative, c'est une série de podcasts vidéos, lePodcast by lesBigBoss, qui donne quotidiennement la parole à des patrons et des sponsors qui partagent leur expérience du confinement. Nous avons réalisé plus de 25 interviews de dirigeants. Des patrons d'univers variés qui avaient en commun de raconter une initiative inédite ou solidaire en lien avec le coronavirus. Ce n'est pas une activité que nous avons monétisée mais c'est un moyen de créer du lien et d'animer des communautés, notre raison d'être, même à distance. Et c'est plus efficace de passer par ce type de format que de faire un énième webinar qui ne dépasse pas la trentaine de vues sur Youtube.

"Nous allons faire de la création et de la diffusion de podcasts une nouvelle ligne produit"

Gardez-vous ce format maintenant que le confinement est terminé ?

Oui mais nous allons en ralentir la fréquence car les équipes qui s'en occupent vont avoir moins de temps à mesure que le business événementiel reprend. Nous passerons à un rythme de deux podcasts par semaine d'ici le 20 mai, puis une fois par semaine en juin-juillet. Nous adapterons également la ligne éditoriale. Il s'agira moins d'évoquer les projets des marques face au coronavirus que la relance de leur business. Il n'empêche que la réussite de ce projet a donné des idées à certains de nos clients, qui ont eux aussi envie de profiter du format pour gagner en visibilité. De sorte que nous allons lancer un deuxième podcast avec notre partenaire We Digital Garden. L'émission, intitulée Business Reboot, accueillera une dizaine de décideurs qui s'exprimeront sur l'évolution de leur business face à celle des usages ou la nécessité de réinventer l'expérience client. Cela nous a convaincu de faire de cette activité podcast une nouvelle ligne produit. Nous gérerons le sourcing des intervenants, la production et la diffusion des contenus au sein de notre écosystème, pour le compte de nos clients.

L'autre nouveauté, c'est le lancement d'une version en ligne de la Summer Edition, qui se tiendra le 30 juin dans l'après-midi. Quel est le concept ?

Cet événement 100% digitalisé propose, en partenariat avec la plateforme Vimeet, des meetings d'affaires en visio-conférence one to one suivant les mêmes principes et critères que les événements physiques organisés par lesBigBoss. Grâce à ce format inédit, nous maintenons notre promesse de mise en relation entre décideurs et prestataires. Forcément, il s'agit d'un événement d'une toute autre dimension. Nous avions prévu d'affréter trois avions pour déplacer 700 personnes quelque part dans le sud de l'Europe. Les décideurs seront moins nombreux, près d'une centaine, mais on est certain de leur motivation car il n'y a pas de petit-fours ou de farniente sur la plage au programme ! Il y a déjà du beau monde : Michelin, LCL, ADP, Barilla… Côté partenaires, nous serons très sélectifs et ne garderons que ceux auxquels nous pouvons garantir au moins cinq rendez-vous. Ces derniers paieront au nombre de rendez-vous réalisés. Et nous gardons tout le savoir-faire qui a fait notre succès : qualification des projets, matchmaking avec les solutions prestataires, déploiement d'agendas personnalisés et évaluations des rendez-vous.

"Nous sommes d'ailleurs en train de finaliser l'acquisition d'un concurrent"

Est-ce que c'est un format qui peut également survivre au déconfinement ?

J'en suis convaincu car il est complémentaire de nos événements physiques. Il permet aussi de faire venir des gens qui n'aiment pas se déplacer à des événements  comme les nôtres ou qui n'ont tout simplement pas le temps. Je reste bien sûr convaincu que l'ADN du business, c'est la rencontre physique mais je crois beaucoup à la phygitalisation du networking. L'univers online peut être un très bon complément à la rencontre physique. Cette crise est l'occasion de réfléchir aux modèles de demain. Une marketplace qui réunit plus de 1 000 prestataires et permettrait à un décideur d'échanger, en quelques clics, avec des prestataires par visio-conférence, aurait tout son sens. C'est l'un des mérites de cette période si particulière. On peut enfin creuser des projets qui germaient dans un coin de notre tête. Et c'est possible parce que nous avons un fonds qui a investi 15 millions d'euros dans notre société et qui se montre très compréhensif. Nos investisseurs ont conscience que 2020 ne sera pas une année comme les autres et nous encouragent à réfléchir à de nouveaux produits, de nouveaux formats. Et tant pis s'il faut attendre 2021 pour atteindre les objectifs de 2020.

Votre autre événement phare, c'est la Winter Edition, qui devrait bien se tenir en décembre prochain. Qu'est-ce que les événements récents ont changé dans votre manière de le préparer ?

Il est évident que nous porterons une attention toute particulière aux conditions sanitaires. J'ai déjà acheté 3 000 masques jetables et je vais aller chercher 100 visières en plastique. L'exigence de distanciation sociale aura sans doute des conséquences dans notre manière d'organiser les rendez-vous. La bonne nouvelle, c'est que 90% de notre chiffre d'affaires concerne des événements de 50 à 500 personnes. Je pense que ça aurait été plus compliqué si, comme certains de nos concurrents, nous gérions des événements de plusieurs milliers de personnes. Le Premier ministre a autorisé la reprise des événements de plus de 5 000 personnes en septembre. La Winter Edition en rassemblera 600 en décembre. Je pense que nous sommes tranquilles. A moins que l'on procède à un reconfinement au second semestre. C'est à vrai dire ma seule crainte. Car j'ai tout de même 40 salariés et des partenaires qui, pour certains, réalisent jusqu'à 50% de leur business à travers des événements BigBoss.

Les événements récents compromettent-ils vos velléités de développement à l'international ?

Absolument pas. Nous sommes d'ailleurs en train de finaliser l'acquisition d'un concurrent basé en Europe du Sud. Ce concurrent, qui organise deux événements en mars et en octobre, a eu la chance de passer entre les gouttes du coronavirus. Nous aurions pu décaler l'opération mais nous avons le cash nécessaire et voulons aller vite sur cet investissement stratégique pour nous.

Hervé Bloch est le fondateur de Digilinx, société à l'origine du format événementiel BtoB LesBigBoss. Hervé Bloch a débuté sa carrière chez IBM avant de rejoindre Emailvision comme directeur des ventes France et directeur de la région Central et East Europe. Après une mission de six mois auprès de la société Come & Stay, il s'est lancé dans l'entrepreneuriat avec Digilinx.

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