Loi HPST et vente en ligne de médicaments : des évolutions importantes pour le patient

Le monde de la pharmacie d’officine connaît depuis quelques années des évolutions importantes, parmi lesquelles deux avancées particulièrement intéressantes : la loi HPST et l’autorisation de la vente en ligne de médicaments sans ordonnance.

 Ces deux dispositions promettent de modifier le visage de la pratique officinale telle que nous la connaissons actuellement. Elles paraissent être totalement compatibles entre elles et compatibles avec le besoin permanent d’apporter un meilleur service au patient.

La loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires », votée par l’assemblée nationale en 2009 sous l’impulsion de la ministre Roselyne Bachelot, fait du pharmacien un acteur majeur du parcours de soin.
La loi redéfinit le rôle du pharmacien, toujours axé autour de la délivrance, mais en améliorant la prise en charge globale du patient : prise de rendez-vous et suivi des malades chroniques au sein de l’officine, réalisation de certains tests (par exemple le test du souffle), bilan de médication et éducation thérapeutique pour ne citer que les principales dispositions. Pour la réalisation de ces prestations, dont la plupart sont déjà effectuées dans les officines, le gouvernement prévoit de rémunérer le pharmacien à l’acte et non plus seulement sur la délivrance de médicaments.
Des outils pour accompagner les pharmaciens dans la mise en place de ces nouvelles pratiques. La principale concerne la possibilité pour un patient de prendre un rendez-vous chez son pharmacien pour le suivi de son affection chronique. Il paraît évident que la possibilité de prendre ce rendez-vous grâce à une interface internet serait très utile, notamment pour les patients à mobilité réduite ou habitant dans des zones reculées, évitant des déplacements longs, pénibles ou coûteux. La mise en place d’un carnet vaccinal électronique peut aussi être extrêmement intéressante. On imagine facilement que les pharmacies pourraient envoyer directement aux patients qui le souhaitent des alertes par courrier électronique les prévenant qu’ils doivent effectuer un vaccin dans un futur proche. Dans le même esprit, des campagnes de prévention ou de sensibilisation peuvent naître grâce à internet, les pharmaciens pouvant aisément alerter leurs patients sur des sujets d’actualités, par exemple lors d’une épidémie de grippe ou de gastroentérite.
Au-delà de faciliter les interactions patients/pharmaciens, les plates-formes de vente sur internet devront s’astreindre à un important travail de contrôle. Internet offre la possibilité de vérifier l’identité de chaque personne souhaitant commander un médicament. Il est donc facile de créer un historique des commandes et d’observer, le cas échéant, les mauvaises habitudes de consommation ou les abus. Le pharmacien pourra donc repérer plus facilement ces comportements et voir son rôle d’éducateur renforcé. On imagine aussi que, pour toute commande sur internet, le pharmacien responsable de la délivrance puisse avoir accès au Dossier Pharmaceutique du patient et puisse vérifier les interactions possibles. Pour cela, le site hébergeur devra recevoir l’agrément « Hébergeur sécurisé de données de santé » par la CNIL afin de garantir la confidentialité des données.
 
Les dernières évolutions de la législation autour des médicaments et du rôle du pharmacien représentent un véritable défi pour la profession. Les nouvelles technologies ont un rôle primordial à jouer pour favoriser et faciliter les interactions patient/pharmacien. Un contrôle rigoureux devra être mis en place. Toutes ces évolutions permettront au pharmacien de réaffirmer sa légitimité en tant qu’acteur primordial du parcours de soin, et rendront inoffensives toutes les tentatives de renversement du monopole pharmaceutique.