Et si Google innovait vraiment avec Nest Labs ?

Pourquoi dépenser des milliards pour acquérir un fabricant de détecteurs de fumée ?

En annonçant l’achat de Nest Labs, Google signe un chèque de plus de 3 milliards de dollars pour acquérir un spécialiste de la domotique. Quels sont les plans du géant de Mountain View ? S’agit-il de devenir le leader mondial des réfrigérateurs qui commandent automatiquement auprès de Carrefour ou Auchan des œufs et du beurre lorsqu'il en manque ?
Nul doute que Google saura concevoir des objets connectés pour rendre notre vie « encore plus facile ». Je ne cacherais cependant pas ma déception si Google, le numéro 1 mondial du Big Data se contentait simplement de concevoir des détecteurs de fumée intelligents et des lampes qui s’allument toutes seules lors de notre passage.

Car après tout, quelle est l’expertise d’un fabricant comme Nest ?

Il fabrique des capteurs et des détecteurs. L’expertise de Google, c'est la collecte et la création d'intelligence à partir de données.
Or, c’est en 2013 qu’a vraiment commencé à émerger la tendance du « Quantified self », c’est à dire de porter sur soi ou d’utiliser des objets connectés, pour se mesurer : balances connectées, tensiomètres connectés, calculateurs d’activité physique, ou encore des systèmes analysant la qualité du sommeil.
Bref, nous revenons à une histoire de capteurs et d’une quantité faramineuse de données analysables.
Laissons errer notre imagination… N’y a-t-il pas pour Google une formidable opportunité à devenir le numéro 1 mondial de ce type de capteurs embarqués ? Un véritable monopole en perspective !
Si tel était le cas, Google constituerait une collection inestimable de données personnelles supplémentaires : celles qui régissent le monde physique, dont notre corps, et pourquoi pas notre santé. Nous pourrions compter sur son expertise en termes d’algorithmes pour analyser et faire "parler" ces données, notamment en les combinant aux données qu'il possède déjà depuis le monde virtuel.

Poussons le raisonnement

En reproduisant la "recette Android", c’est à dire en ouvrant une partie de sa technologie à d'autres constructeurs, tout en s'octroyant un accès aux données récoltées, Google pourrait constituer de fait le plus incroyable et le plus sophistiqué système de monitoring de nos vies. Passons sur l’éternel mais réel problème de la sauvegarde de notre vie privée sur lequel il conviendra de légiférer, et concentrons-nous sur les opportunités qu’offre un tel partenariat.
Nous pourrions imaginer par exemple dans le domaine médical, un système standard de partage d’une partie de ces données avec notre médecin de famille qui pourrait suivre certains de nos paramètres de santé en temps réel et réagir en cas de problème. Les personnes âgées et isolées pourraient être également suivies à distance par des membres de leur famille, leur médecin ou des sociétés d’assistance.

Les opportunités sont vertigineuses !

Toutes ces technologies coûteuses existent déjà, notamment dans les pays occidentaux. Elles sont nombreuses mais toutes propriétaires. Elles ne se "parlent pas".
La force de Google serait de les standardiser, et de les rendre abordables comme ce qu’il a fait avec Android. Libre ensuite à quelques "Jugaad innovators" de construire de nouveaux systèmes bon-marché en s'appuyant sur ces technologies qui pourront alors même s'ouvrir massivement aux marchés émergents !