La data au coeur de l'éco-système de la 4G

2012 a été marqué par les offres low-cost dans le mobile, et 2013 restera l'année du lancement de la 4G en France. Ce passage à la 4G (Ou LTE pour Long Term Evolution) illustre un mouvement de balancier vers les usages et la technologie, avec un marché et des offres qui se focalisent sur autre chose que le prix.

La 4G qui va succéder à la 3G apparue au début des années 2000 constitue la révolution de l'Internet mobile : le passage au très haut débit, c’est-à-dire la puissance et le confort d'une connexion entre 7 et 10 fois plus rapide que la 3G, avec des débits proche d'une connexion internet fixe. Cette nouvelle génération mobile est une porte d'entrée vers un nouvel univers, celui d'un écosystème data-centric  avec des réseaux tout IP. Elle  a été développée pour l'usage data avec très peu de latence et ouvre un vaste champ des possibles pour l'internet en mobilité.
Avec cette technologie, on parle désormais d'écosystème élargi de services mobiles, où les services utilisés chez soi sont disponibles sur smartphone ou tablette où que l'on soit. Par services on entend tout d'abord la démocratisation de services de type cloud qui ne  seront plus cantonnés aux seuls ordinateurs sédentaires. Ainsi, le transfert de documents (bureautique, audio, vidéo, photo) du mobile vers le cloud, et du cloud vers le mobile, sont quasi instantanés avec pour effet de se libérer des contraintes de stockage des terminaux afin d'avoir toujours ses contenus sur soi.
De même la vidéo en streaming que nous regardons en situation sédentaire est amenée à fortement à se développer, tout d'abord avec les plateformes sociales de vidéo sociale (Youtube, Dailymotion…) mais aussi avec du contenu de type vidéo à la demande (Catch-up TV, films, séries…) avec un qualité d'image HD grâce au débit et à latence de la 4G (comme le propose Verizon aux Etats-Unis avec son offre Redbox déclinée sur mobile).
Au-delà du grand public, un des usages amenés à se développer est celui de  la collaboration au sein des entreprises : avec une connexion 4G il est plus facile de se connecter à son réseau d'entreprise et les outils dédiés, mais aussi de partager (Visioconférence avec affichage de document simultanée par exemple).
La 4G est amenée à se développer fortement dans les années qui viennent, car les usages mobiles qu'elle permet vont eux-mêmes se développe, alimentant le développement de la 4G dans un cercle vertueux.
L'avènement de la 4G va permettre aux opérateurs de "réénchanter le quotidien de leurs clients mobiles" en ne vendant pas un prix, mais d'innombrables usages (existants ou à venir), et des terminaux plus larges et plus puissants permettant de profiter de nouveaux usages. Ainsi on ne parle pas de "killer application" 4G (comme le SMS pour la 2G), mais plutôt de nouvelle expérience utilisateur qui constitue une montée en valeur du marché vers plus de qualité.
C'est cette nouvelle expérience utilisateur qui se traduit par une monétisation pour les opérateurs selon deux axes.
Tout d'abord, une hausse de l'ARPU avec l'utilisation d'un volume de data plus important lié aux usages, les forfaits 4G s'inscrivant pleinement dans une tendance de fond de tarification de l'internet mobile au volume, avec un volume de data limité et, de plus en plus, une réduction des débits voire une coupure de l'accès data quand le plafond est atteint d'un côté, et de l'autre des options permettant d'ajouter de la data à son forfait à un prix plus avantageux que les recharges.
C'est cette valorisation liée aux usages et l'augmentation des volumes qui en découle qui a été la stratégie appliquée par Verizon aux États-Unis. Si ce dernier pratique la coupure de l'internet au-delà du plafond, Sur le marché français les opérateurs proposent des options permettant d'inclure une quantité de data supplémentaire à son forfait, au-delà d'un simple système de recharge ce qui permet de personnaliser son forfait et donc de générer du revenu additionnel.
De même, les opérateurs mobiles encouragent la consommation de données en proposant des services de type Multi SIM, permettant de consommer un même volant de données entre plusieurs terminaux attachés au même numéro. (Même si en France contrairement aux États-Unis, le fait de lier un terminal n'est pas facturé, seule la consommation de données qui s'en trouve augmentée fait l'objet d'une facturation).
Un autre axe reste toujours basé sur les usages, l'approche étant d'intégrer du contenu (Audio, vidéo, contenu en direct) mais aussi des services (Stockage cloud plus important, offres de productivité…) afin de justifier du premium prix des forfaits 4G par rapport aux forfaits 3G. Les forfaits 4G étant perçus comme des forfaits enrichis non seulement en technologie mais en contenu.
Faire payer la 4G au prix de la réalité du service apporté (vitesse, fluidité, couverture large et non quelques points, etc.) est un vrai enjeu pour le développement des usages multimédia. Pour regarder en dehors des frontières hexagonales, le cas de quelques pays africains entraînés dans une spirale baissière des tarifs notamment 3G illustre le danger de pas valoriser ces offres. Ces quelques pays sont entrés dans une guerre des prix destructrices de valeur avec comme conséquence un désengagement des opérateurs dans la construction des réseaux 4G. C’est bien la création de valeur générée par une génération actuelle qui permet de financer la suivante. Une leçon douce amer à retenir.

Chronique rédigée par Jean-Michel Huet, directeur associé, BearingPoint et Tariq Ashraf, BearingPoint