Biens d’occasion : le So-Lo-Mo devient réalité

La consommation collaborative est une tendance en plein essor, et il est de plus en plus facile d'acheter et de vendre toute sorte d'objets à des particuliers sur Internet. Voici quelques idées pour dynamiser le marché de l'occasion en France.

Quoi de plus productif qu’un week-end pluvieux à la fin du mois d’août pour remettre un peu d’ordre dans son appartement en prévision d’une rentrée trépidante ? C’est dans ces moments-là que l’on s’aperçoit que tout se recycle, même – et surtout – les idées. Mais une idée, on ne sait jamais quand, ni où ça va arriver. Mieux vaut alors disposer des outils pour leur donner vie, ici et tout de suite.
L’ensemble des indicateurs semble montrer que la France est un pays plein d’idées.
Témoin la belle deuxième place du pays au très sérieux classement Forbes de l’innovation 2014. Témoin aussi la percée d’un leader national de la vente et d’achat de produits d’occasion en France. Témoin enfin le succès des services collaboratifs pour les déplacements urbains, par exemple. L’occasion m’est donné aujourd’hui de montrer comment aller plus loin.

Une relation nouvelle entre cycle de vie du produit et communautés

Dans un monde d’obsolescence programmée, recycler, échanger, redonner une chance au produit est presque devenu un réflexe chez nos concitoyens. Notamment parmi les plus jeunes. Une étude de l’Observatoire LCL en ville, réalisée par l’institut BVA auprès d’un échantillon de 1 780 personnes dont 500 jeunes urbains de 18 à 35 ans, montre que cette tranche d’âge pratique le plus l’échange, le troc ou la vente de biens d’occasion, à la fois pour des raisons économiques et environnementales.
A bien regarder le monde qui nous entoure, la tendance est à la communauté, au groupe.
Qu’il s’agisse d’amis ou d’icônes de références, le groupe (hipsters, bobos, It-girls, que sais-je..) est à la Une. Appliqué au marché de l’occasion, la première bonne idée consiste donc à proposer au groupe de s’approprier des sujets et des thématiques auxquelles les individus pourront s’identifier. Il faut du lien et du liant Social. En permettant de personnaliser ses favoris et de suivre une liste d’objets qui lui ressemble, proposés par des personnes qui lui ressemblent, notre consommateur 2.0 (ou plus) va entrer dans une dynamique d’appartenance qui favorisera ses impulsions d’achats et permettront à ce marché de l’occasion de se conforter dans sa phase vertueuse.
La seconde bonne idée participe de la nécessité de donner à cette population jeune les moyens de fluidifier ses échanges, et de favoriser, par la technologie, cette économie qui si elle est solidaire, ne doit pas forcément pour autant rester archaïque. La démocratisation du smartphone au sein de cette catégorie, et au-delà, la disponibilité quasi-permanente (on se prend à rêver…) d’une large bande passante pour les réseaux de données mobiles vont enfin – trois ans plus tard - faire passer la vision proclamée de l’avènement du SO-LO-MO (le monde sera « Social Mobile Local » disait Loïc LeMeur) du rêve à la réalité.

L’application devient le premier facteur de consommation de temps numérique

ComScore nous apprend que depuis cet été, les américains passent plus de la moitié de leur temps média digital sur des applications mobiles. Si l’achat groupé, la location, la cosmétique, l’e-commerce même, y passent en douceur, pourquoi le commerce de produits d’occasion resterait-il à la traîne de la mobilité ? Pour en revenir à lui, notre champion national a fait beaucoup en matière de régionalisation des échanges. Mais ce qu’il n’a pas fait, c’est rendre à ce marché de l’occasion l’hommage – ou plutôt l’image - qui lui est dû en habillant sa proposition d’un skin esthétique, d’une dimension sociale et d’un accès optimisé pour les situations de mobilité – fût-ce lors de déplacements entre sa chambre et son canapé, pendant ces fameux week-ends de rangement, par exemple.
L’enjeu est de taille : fluidifier le marché de l’occasion, c’est permettre à ceux qui en ont le plus besoin – les jeunes, notamment - de dynamiser leurs échanges dans un contexte de consommation collaborative et durable. Sur cette catégorie de population – le groupe des 15/18 ans, le cabinet Gartner nous apprend qu’ils accèdent désormais plus à Internet depuis un smartphone que depuis leur PC.
Ils sont les premiers à inverser la courbe. Par extension, et toujours selon Gartner, les ventes de tablettes devraient cette année atteindre le niveau de ventes de PC. Et le dépasser dès l’an prochain. Comment dans ce contexte, et à l’heure où le monde prend conscience de l’attrait du numérique, grâce notamment à l’amorçage d’une réelle transition vers des interfaces gestuelles intuitives et de plus en plus proches de l’appareil humain (lunettes, wearable, etc.), ne pas imaginer de proposer à minima une plateforme d’échange mobile et sociale pour nos produits, mobilier, vêtements, équipements, encore en état mais dont nous n’avons plus l’usage ?

Répliquer les mécanismes de la grande consommation au marché de l’occasion

Enfin, au-delà de la dimension ergonomique, l’aspect temporel s’impose également comme un facteur d’importance dans les modes d’échanges des jeunes générations. L’instantanée devient la norme, en témoigne le succès de snapchat.
La troisième bonne idée est ainsi d’adapter au marché de l’occasion les modèles de succès de l’économie « du neuf », qui consiste à susciter chez ses pairs l’envie, et surtout, à donner les moyens de la satisfaire rapidement. Le « Local » est la meilleure réponse.
Il n’est pas ici question de juger des stratégies d’obsolescence programmée ou de statuer sur la légitimité ou non de certaines durées de vie de nos produits, de nos échanges interpersonnels ou de nos envies : il convient juste de constater qu’à l’heure où celles-ci se raccourcissent, et au moment où la conscience collective s’oriente vers des systèmes d’échanges durables, les communautés méritent de disposer de systèmes attractifs, ergonomiques, mobiles, et idéalement, thématisés pour pouvoir, au mieux, décider de leur consommation, de leurs relations et de leurs mode de vie.