L’économie numérique, véritable vecteur d’emplois ?

Annonce du label « French Tech », remise du rapport Lemoine sur la transformation numérique, l’actualité montre que l’économie numérique intéresse fortement les élites politiques et en premier chef le gouvernement comme secteur d’activité porteur d’emplois. Mais au-delà des effets d’annonces, la réalité est sans aucun doute toute autre.

Un secteur « à la mode »

A travers l’exemple du label « French Tech » décerné à neuf villes françaises pour permettre un regroupement des startups dans le domaine du numérique et surtout leur offrir une visibilité internationale, on peut observer le vif intérêt que porte l’Etat français au développement de l’économie numérique notamment dans un domaine critique, celui de l’emploi. En effet, ce secteur d’économie serait particulièrement porteur avec des centaines de milliers d’emplois à la clé dans les années à venir.
Pour aller plus loin, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique a reçu un rapport de 180 recommandations de la part de Philippe Lemoine, président du Forum d’Actions Modernités sur la transformation numérique de l’économie. Education, commerce, industrie et bien évidemment emplois, le numérique se niche partout et serait l’une des sources de solutions pour combattre la dégradation de l’économie française.
D’ailleurs, les grandes écoles de commerce ne s’y sont pas trompées puisqu’elles sont de plus en plus nombreuses à multiplier les partenariats avec les acteurs du numérique comme l’exemple des stages intensifs d’HEC au sein de l’école 42 appartenant à Xavier Niel ou encore la mise en place de cours d’économie digitale dans plusieurs écoles.

Naissance d’un problème majeur pour les emplois

Cependant, derrière ces apparentes bonnes nouvelles, la relation emploi-numérique est beaucoup plus complexe voir même défavorable au premier. C’est notamment le cabinet Roland Berger, l’un parmi d’autres, qui le rappelle dans une étude : le numérique détruirait plus qu’il ne créerait de l’emploi.
Et c’est là que le bât blesse, certes le numérique créé de la richesse et de la valeur mais finalement peu d’emplois, les meilleurs exemples étant les applications mobiles pesant quelques millions d’euros pour certaines mais n’employant uniquement que quelques dizaines de personnes.
Ce schéma de lecture irait même plus loin avec la robotisation de l’économie dans sa version négative, l’accroissement des inégalités. Plus de machines, c’est la destruction des emplois les moins qualifiés et au contraire une sur-récompense des personnes les mieux armées technologiquement. Certains secteurs commençant d’ailleurs à être confrontés à cette évolution du modèle économique, notamment la presse.
La numérisation de l’économie est donc un enjeu majeur pour la France, encore faut-il la réussir mais surtout qu’elle n’aggrave pas la situation critique du marché de l’emploi au prétexte qu’elle serait indispensable.