L’objet connecté intelligent fait entrer l'IoT dans le monde du service

L’Internet des objets fait bel et bien partie de nos modes de vie. La masse et la valorisation des données augmentent et leur coût baisse. Pour en tirer le meilleur parti l’intelligence artificielle semble être la meilleure solution.

Rousseau définit l’humain par sa perfectibilité, sa capacité à s’adapter et à s’améliorer. C’est elle qui nous permet d’apprendre de nos erreurs, de nos succès, et nous arme du bagage de l'expérience. C’est elle que les chercheurs essaient de recréer artificiellement, sous le nom d’intelligence artificielle (IA).

Pierre angulaire dans l’évolution de l'IoT, l’IA est aux objets connectés ce que la perfectibilité est à l’humain : la clé de leur émancipation. Alors que ces appareils répondent traditionnellement à une logique binaire, action/réaction, les objets intelligents offrent des services plus subtils et adaptés à chaque situation. Un appareil photo détecte un visage pour y faire le focus, un thermostat apprend de vos habitudes pour régler la température avant que vous n’y pensiez, des lunettes s'adaptent à vos modes de vie...

Ils entrent ainsi dans une logique de service, en phase avec l’évolution des enjeux de nombreux secteurs, dont celui de la santé. Si l’on prend pour exemple l’optique, où l’accompagnement client est une condition sine qua non de la profession, de tels objets permettraient d’embarquer un peu de l’expertise et du professionnalisme des opticiens.

L’IA, un service au consommateur optimisé

L’IA et les objets intelligents s’imposent comme la suite logique de l’IoT, la seconde étape vers un service rendu plus accessible, plus intelligent. Mais le chemin qui mène à cet eldorado n’est pas encore tracé, même si quelques pistes semblent se dessiner...

Les desseins de l’IoT et de l’IA diffèrent, il en va donc de même pour leur conception. Alors qu’on programme les premiers pour qu’ils comptabilisent les pas ou localisent à la demande, les seconds se forgent par l’expérience selon des scénarios apprenants, à l’instar des flottes de voitures autonomes qui nécessitent d’avoir parcouru de nombreux kilomètres pour être opérationnelles. Comme un enfant a besoin d’un professeur, une IA a besoin d’être guidée dans son apprentissage. 

Le développement des objets intelligents passe donc avant tout par l’unification des expériences et expertises des acteurs concernés. Concrètement, pour l’optique, cela signifie qu’opticiens, chercheurs et consommateurs, auparavant face à face dans une logique verticale, doivent maintenant marcher côte à côte, tournés vers un même horizon.

ces objets devront toujours rendre service sans jamais se montrer. Tout comme les lunettes que nous portons constamment sans jamais les voir, les objets intelligents se fondent dans le quotidien et apprennent silencieusement pour agir pertinemment. Cependant, tous n'ont pas encore les capacités d'intégrer dans leur fonctionnement la boucle de rétroaction humaine nécessaire à l’apprentissage continu de l’IA. A l’instar des vêtements détecteurs de pollution, les lunettes intelligentes par exemple ont vocation à fournir un service de santé autonome.

Une technologie à double tranchant

Pour des secteurs en faible croissance, comme celui de l’optique, s’engager pour le développement des objets intelligents est une promesse double. Outre le fait d’insuffler un renouveau dans un marché mature, c’est aussi la promesse d’une montée en gamme des services proposés, qui met en porte à faux la logique éculée du low-cost.

Toutefois, si les objets intelligents augurent bien des bénéfices, ils engagent aussi la responsabilité des industriels. Sur fonds de Privacy Shield et de loi numérique, la récente présentation du plan e-santé 2020 par Marisol Touraine confirme la nécessité de moderniser nos objets du quotidien pour les mettre au service de la cause humaine, à la condition de garantir la sécurité des données collectées. Ces appareils produiront en effet des data sur la vie et la santé de ses utilisateurs, levant ainsi de lourdes questions éthiques : qui est légitime pour exploiter ces informations ? Doivent-elles même être exploitées ? Dans le secteur de l’optique, les opticiens sont des tiers de confiance qui peuvent se porter garants de leur protection.

L’IA et l’IoT sont deux démarches complémentaires dont les applications potentielles sont nombreuses et qui apportent chacune une réponse à un besoin spécifique et identifié. Reste à savoir laquelle choisir en fonction des besoins. Ou les deux. Ce ne sera in fine qu’une question de choix stratégiques pour répondre au mieux aux attentes des utilisateurs...