E-logistique 2018 : que retenir de la nouvelle cartographie du paysage français ?

Voici les principaux enseignements à retenir de l'année écoulée dans un secteur en plein mouvements.

1. L'émergence du groupe Hopps

Après le rachat abandonné de Colis Privé par Amazon en 2016, le groupe Hopps (maison-mère de Colis Privé) fut contraint de repenser totalement sa stratégie. Si l’année 2017 semble avoir été celle de la réflexion, 2018 est celle des ambitions : en quelques mois, Hopps a réalisé les acquisitions successives des 3PL Dispeo (anciennement propriété du groupe Otto) puis d’ADS (anciennement propriété du groupe Rakuten).  

Ce mercato logistique manifeste la volonté du groupe de proposer à ses clients une palette complète de services : du stockage à la livraison. Après avoir enrichi ColisPrivé d’un service de livraison en 24h en 2017, Hopps frappe un grand coup en remontant d’un échelon sur la chaîne de valeur.

Cette stratégie n’est pas sans rappeler celle opérée par La Poste entre 2012 et 2013 avec ses acquisitions d’Orium puis de Morin Logistic, regroupées désormais sous l’enseigne Viapost. Hopps semble déterminé à demeurer sur tous les fronts, en concurrence directe avec l’opérateur historique français.

Une question demeure, qu’adviendra-t-il de la participation d’Amazon au sein de Colis Privé, devenue joint-venture de facto ? Alors que Hopps se lance sur le segment du 3PL (où était déjà présent Amazon), la firme de Jeff Bezos accélère quant à elle son implantation sur la livraison avec Amazon Logistics…

2. L'affirmation d'Amazon Logistics

Avec désormais 8 sites en France dédiés à ses livraisons AMZL (Amazon Logistics), le géant de Seattle occupe une place singulière sur le segment de la livraison. En à peine 2 ans, le groupe s’est affirmé comme un prestataire de livraison à part entière alors qu’il ne traite uniquement qu’une part modeste de ses propres flux!

L’importance prise par AMZL sur le marché de la livraison illustre un peu plus l’hégémonie d’Amazon sur le e-commerce Français : sa croissance étant tellement importante et ne pouvant être entièrement absorbée par l’ensemble des prestataires de livraison historiques, le groupe en profite pour développer son propre réseau de distribution. Principalement sur les grandes agglomérations… où la livraison est la plus rentable.

Bien qu’étant encore un prestataire uniquement interne, l’intégration d’AMZL sur l’édition 2019 prend tout son sens au regard de la synergie opérée avec son offre Fulfillment. En effet, par l’intermédiaire de ses prestations 3PL proposées aux e-commerçants présents sur sa marketplace, Amazon Logistics se positionne ainsi comme le transporteur de nombreuses enseignes de vente à distance.

3. L'offre fulfilment, nouvel eldorado des marketplaces

Et justement… alors qu’Amazon propose depuis de nombreuses années ses services 3PL aux e-Commerçants présents sur sa marketplace, son principal concurrent français a annoncé en 2018 son arrivée sur ce segment en 2018 avec Cdiscount Fulfilment (avec un seul « l »).

En novembre 2018, ManoMano, marketplace dédiée au bricolage, lui emboîte le pas en lançant son offre Mano Fulfillment (avec deux « l »), ici sous-traitée par le 3PL Rhenus Logistics. Une offre 3PL adossée à une marketplace peut effectivement s’avérer pertinente :

  • Les e-commerçants affiliés disposent de la puissance logistique de la plateforme de vente, et notamment de services de livraison premium (abonnement, same day,  express, etc.)

  • Les marketplaces en retour optimisent leurs espaces de stockage, densifient leurs flux d’expéditions et maîtrisent la qualité de la livraison, maillon essentiel de l’expérience client.

Il sera intéressant d’observer dans les mois à venir, la réaction de Fnac-Darty, RueduCommerce ou encore La Redoute pour déterminer si elles aussi, entreront dans l’arène.

3. De nouveaux partenariats pour davantage d'omnicanal

C’est désormais le leitmotiv de toutes les enseignes de e-commerce lancées dans l’omnicanal : ce n’est plus au consommateur de suivre son colis, c’est au colis de suivre le consommateur !

Manifestation de cette tendance, l’édition 2019 se distingue par la multiplication de nouveaux partenariats - parfois baroques - permettant de proposer toujours plus de services personnalisés au destinataire. Tous ont néanmoins un point commun : la délégation du dernier kilomètre à un opérateur de coursiers.

  • On pensait la livraison en point de retrait comme une fin en soi. La solution idéale (et peu onéreuse) pour les consommateurs souvent absents de leur domicile. Pourtant, les deux principaux opérateurs de relais proposent depuis 2017, un partenariat avec Tousfacteurs dont les coursiers se chargent de récupérer le colis en point de retrait pour le livrer au destinataire dans l’heure ou au créneau horaire de son choix.

  • Dans un autre registre, DHL et You2You se sont associés, le premier déléguant la livraison du dernier kilomètre sur plusieurs zones urbaines. Une stratégie intéressante qui devrait permettre un meilleur taux de délivrabilité grâce à la meilleure flexibilité horaire des coursiers.

  • Ce n’est pas le seul partenariat scellé par You2You cette année puisque cette dernière a également annoncé un accord avec Living Packets. Cet opérateur propose des livraisons collaboratives sur des longues distances, You2You prend ensuite le relais pour conclure la livraison une fois le colis arrivé sur la zone urbaine de destination. Une habile combinaison de savoir-faire tout en restant dans du 100% collaboratif !

Pour ceux qui souhaiteraient creuser le sujet, voici la cartographie du paysage e-logistique français 2019.