TMP : pourquoi la France est en retard sur ses voisins

Le choix du DVB-H pénalise la France alors que d'autres solutions sont disponibles.

Il y a encore deux ans, le DVB-H était présenté comme la révolution qui démocratiserait la consommation de télévision sur mobile. Il était alors soutenu par des fabricants comme Nokia, qui a intégré des tuners DVB-T dans certains de ses produits. Cette technologie a un avantage principal, que citent généralement les acteurs de la vidéo mobile avec qui j'en parle : elle permet de diffuser des contenus à une large échelle, sans pour autant saturer le réseau consacré aux données.

Mais le DVB-H, choisi en 2007 par l'Etat français pour la Télévision mobile personnelle (TMP), n'a pourtant toujours pas été déployé dans l'Hexagone. Pourquoi ? Et pour quelle raison certains des pays qui l'avaient déployé, comme l'Allemagne, la Corée du Sud, et plus récemment l'Autriche l'ont-ils, malgré ses promesses, abandonné depuis? Lancée en juin 2008, l'ambitieuse « télé mobile » autrichienne ne compte aujourd'hui que 15 000 utilisateurs...

Début octobre, l'opérateur en charge du projet français de Télévision mobile personnelle, TDF, a lui-même remis en cause le choix du DVB-H et lancé une consultation destinée à réétudier toutes les normes envisageables. Cette prise de conscience me parait cohérente, car le DVB-H a clairement prouvé ses limites.

Les lourds investissements de la TMP sont facilement évitables
Pourtant, le débat reste incomplet, biaisé. La consultation lancée par TDF a pour objet d'étudier l'opportunité d'autres normes techniques, comme MediaFLO ou du DVB-SH, qui ferait passer la TMP par le satellite. Autant de choix qui, comme le DVB-H, nécessitent des investissements lourds dans l'infrastructure, et l'achat par l'utilisateur d'un terminal spécifique embarquant un récepteur adapté.

De plus, ces solutions n'offrent qu'un nombre limité de chaînes (moins de 20 pour le DVB-H), parmi lesquels deux ou trois peut-être intéresseront l'utilisateur, tandis que les chaînes spécialisées n'auront pas les moyens d'y accéder.

Il y a pourtant une autre solution, qui peut être déployée immédiatement - elle a déjà commencé à se développer d'autres pays européens, et on peut s'étonner que la France, pourtant à la pointe du triple play, n'y prête pas plus d'attention. Il s'agit tout simplement d'utiliser le réseau IP auquel sont connectés tous les Smartphones du marché. Sa bande passante ne cesse d'être développée, avec le déploiement de nouvelles technologies comme le LTE, la 4G et le WIMAX. Cette infrastructure là est bien moins lourde à amortir, puisqu'elle est utilisée pour tous les échanges de données !

Pour une télévision mobile sans limite de chaînes ou de récepteur
L'utilisation du réseau IP, ou internet mobile, permet par exemple à chaque utilisateur de se connecter depuis une simple application à la box de son salon, c'est-à-dire à sa propre télévision. Pour moi c'est un énorme avantage de cette technologie : elle vous donne accès depuis votre mobile à vos chaînes, y compris les chaînes payantes auxquelles vous êtes abonné, sans coût d'abonnement supplémentaire. C'est ce que nous proposons avec la Slingbox, mais on peut imaginer que cette technologie soit embarquée dans les box des opérateurs triple play... Je crois en cette solution parce qu'elle est simple, flexible, et vraiment adaptée aux goûts et besoins de chacun.

C'est la télévision mobile sans limite de chaînes ou de récepteur, celle qui permet de visionner ses contenus sur n'importe quel terminal mobile - Smartphone, PC, tablette - connecté à n'importe quel réseau IP, et utilisant la connexion Internet pour laquelle on paye déjà. Pas besoin de consultation ni d'investissement national pour que cette télévision mobile là fonctionne dès aujourd'hui !