Revente de Motorola par Google : un deal gagnant-gagnant

Fin janvier, tout le monde a été pris de court à l’annonce du rachat de Motorola Mobility par le groupe chinois Lenovo pour 2,91 milliards de dollars. Deux ans auparavant, Google l’avait lui-même acquis pour 12, 5 milliards de dollars. Bien que cela puisse paraître comme une énorme perte d’argent pour l’américain, il s’agit d’un deal gagnant-gagnant entre les deux firmes.

La revente ne concernant que l’activité de conception et fabrication de Motorola, Google prouve au travers de cette opération que son objectif, en rachetant Motorola, reposait sur l’acquisition de ses brevets afin de protéger son système d’exploitation android.

I- Un deal profitable sans y paraître

1- Des bénéfices tirés pendant 2 ans

N’oublions pas en effet qu’au moment du rachat, Google a pu profiter des 3 milliards de dollars de trésorerie dont disposait Motorola et du crédit d’impôt de près d’un milliard de dollars. La revente de l’activité de décodeurs télé de Motorola à Arris au printemps 2013, pour une valeur estimée à 2,35 milliards de dollars vient également s’ajouter aux bénéfices que Google a pu tirer de Motorola.

2- La préservation de la propriété des brevets

Google n’a cédé à Lenovo que l’activité de conception et fabrication de Motorola, conservant la majorité des brevets dont disposait le constructeur mobile (15 000 sur les 17 000 brevets), soit une valeur estimée à 3,2 milliards à fin 2012. Et c’est bien là que se trouve toute la richesse pour Google.

La surprise de cette annonce confirme donc que Google a racheté Motorola pour son important portefeuille de brevets.

3- L’arrêt d’une activité à perte

Le Moto X et le Moto G, les deux smartphones lancés par Google sous Motorola n’ont pas connu le succès escompté et ce malgré une forte communication. En revendant Motorola, Google met fin aux dépenses. Le géant américain s’est néanmoins assuré de protéger son système d’exploitation, sa principale source de revenu.

Au travers de cette opération, Google rassure les fabricants de mobiles Android, notamment Samsung(1), et évite que ces derniers ne migrent vers un autre système d’exploitation par crainte de poursuites. Pari gagnant car aujourd’hui Android équipe près de 82% des smartphones vendus(2), contre 51% à la fin 2011.

II- Une stratégie de développement gagnant-gagnant aussi pour Lenovo  
Avec le rachat de Motorola, le constructeur Lenovo s’assure de beaux jours devant lui. Premier fabricant mondial de PC, il s’est diversifié ses dernières années dans les smartphones et tablettes numériques. Avec ce dernier rachat, Lenovo va se hisser à la troisième marche du podium des fabricants mondiaux de smartphones derrière Samsung et Apple, et se positionner loin devant ses concurrents chinois ZTE, Huawei. Lenovo va pouvoir aussi se positionner sur les marchés américains et européens avec une marque qui garde un bonne notoriété. 
 

(1)Samsung se disait prêt à lancer son propre système d’exploitation ou à se tourner vers un concurrent, il y a de cela quelques mois seulement.

(2)Chiffres Gartner.