Sigfox défie LoRaWAN sur le terrain des réseaux privés

Sigfox défie LoRaWAN sur le terrain des réseaux privés De la création d'une nouvelle joint-ventures à l'offre de réseaux dédiés aux entreprises, l'opérateur profite de son événement annuel Sigfox Connect pour dévoiler une série d'annonces.

C'est dans le cadre futuriste du complexe Marina Bay Sands, à Singapour, que Sigfox organise ces 20 et 21 novembre la troisième édition de son événement annuel Sigfox Connect. Sur deux scènes de conférences distinctes sont abordés la manière de mettre en œuvre un projet IoT et son impact en entreprise. Les témoignages de clients, ayant réalisé des déploiements à grande échelle et au ROI rapide, sont au programme des keynotes. "L'IoT arrive dans une phase de maturité et l'adoption va être massive en 2020", se réjouit Ludovic le Moan, CEO et cofondateur de Sigfox. L'événement est avant tout l'occasion pour l'opérateur de présenter ses projets à venir.

Principalement, Sigfox réaffirme sa position face à l'Alliance LoRa en proposant à son tour une offre de réseau privé. Cette possibilité donnée aux industriels de bénéficier d'un réseau IoT local était le principal argument différenciant d'Objenious. L'offre de Sigfox démarrera en France, avant d'être déployée dans les 65 pays opérés par Sigfox. Le service sera testé dès le premier trimestre 2020. L'opérateur met en avant un coût "imbattable" selon lui. "La possibilité d'utiliser la totalité des composants de notre catalogue, combinée à l'usage d'émission extrêmement faible pour avoir des objets sans batterie, donnent à l'offre PAN (private area network, ndlr) de Sigfox un potentiel inégalable", affirme Ludovic le Moan, qui fait de la connectivité à bas coût sa priorité depuis plusieurs années.

"A grand volume, nous pouvons fournir des capteurs pour quelques centimes"

Pour s'imposer comme l'acteur le moins onéreux dans l'IoT, Sigfox présente aussi un bouton IoT. "Nous l'avons réalisé pour 1,4 dollar l'unité en petite quantité : 2 000 seulement ont été produites. A grand volume, nous pouvons fournir des capteurs pour quelques centimes", affirme Ludovic le Moan, qui a voulu cette année remédier à la critique de ne pas avoir de produit concret pour étayer ses informations. La Bubble, un beacon utilisant la technologie Sigfox annoncé l'an dernier au Sigfox Connect à Berlin, est utilisée lors de cette édition comme badge connecté lors de l'événement pour géolocaliser les participants et faciliter les rendez-vous professionnels.

850 000 compteurs de gaz connectés avec Sigfox

Autre thématique forte de l'événement : l'energy harvesting. L'opérateur met en avant ses partenaires proposant des solutions faisant appel à la chaleur ou aux vibrations pour produire l'énergie nécessaire à l'envoi de données par les capteurs. "Nous avons même fait un test avec des citrons pour montrer que l'énergie électrochimique à base du jus pourrait constituer une source d'énergie pour les capteurs. Jusqu'à présent, l'energy harvesting concernait des usages sur de courtes distances, notamment pour faire fonctionner un interrupteur. Nous allons pour notre part démontrer qu'il est possible de réaliser un échange de faibles quantités de données sur une portée d'un ou deux kilomètres."

Sigfox Connect est aussi l'opportunité de détailler les derniers partenariats conclus. En premier lieu avec le fournisseur d'énergie japonais Nicigas, qui prévoit de déployer 850 000 compteurs communicants dans l'Archipel. Concernant son alliance avec Eutelsat sur l'utilisation de satellites, Sigfox prévoit de réaliser au premier trimestre 2020 des expérimentations avec certains de ses clients, Total en tête, avant de proposer une offre commerciale en fin d'année prochaine. "Nous voulons faire de Sigfox un réseau de secours, qui interviendrait en back-up", précise Ludovic le Moan. Un retour sur le projet de smart city mené à Angers avec le consortium composé d'Engie, de Suez et La Poste sera également effectué dans la journée.

Sigfox crée une nouvelle joint-venture : Pinpoint, avec Amadeus, fournisseur spécialisé dans l'industrie du voyage

Soucieux de développer de nouvelles expertises aux côtés de partenaires, Sigfox crée par ailleurs une nouvelle joint-venture. Après Safecube lancé en avril 2019 sur le tracking dans le secteur maritime, Sigfox donne le jour à Pinpoint avec Amadeus, fournisseur spécialisé dans l'industrie du voyage, elle aussi focalisée sur le tracking, mais cette fois dans le secteur aérien. "Des traqueurs existent déjà sur le marché, mais notre valeur réside dans le coût de la solution, qui va changer l'expérience utilisateur par son accessibilité", souligne Ludovic le Moan.

Toujours dans la géolocalisation, Sigfox étoffe son offre Atlas Native, mise en place en janvier 2017, en permettant aux solutions déjà dotées de dispositifs GPS de bénéficier des services de Sigfox, en échange de l'utilisation de leurs données par Sigfox. Un moyen pour l'opérateur d'améliorer la précision de ses informations. De même, Sigfox vient de finaliser le déploiement mondial d'Atlas Wi-Fi, un service de localisation annoncé en 2018 et développé en partenariat avec l'éditeur Here Technologies, et qui utilise les points d'accès Wi-Fi de ce dernier.

Enfin, la fondation Sigfox, jusqu'alors dédiée à la protection des rhinocéros en Afrique, élargit son champ d'application en proposant en 2020 un bracelet connecté destiné à la détection de chutes de personnes âgées. Ce projet sera développé en open-source. De quoi agrandir le nombre de déploiements de l'opérateur, qui devrait comptabiliser à la fin de l'année plus de 15 millions d'objets connectés à son réseau auprès de plus de 1 500 clients.